Il a longtemps été surnommé "l'homme aux mille vies" : à 84 ans, René Château, la "mémoire du cinéma français" s'est éteint il y a quelques jours dans la plus grande discrétion, dans le golfe de Saint-Tropez. Souffrant, déjà, depuis quelques années, il laisse derrière lui une carrière exceptionnelle et des équipes dévastées, qui ont annoncé son décès par un communiqué.
"C'est avec beaucoup d'émotion et de tristesse que nous vous annonçons le décès de RENÉ CHÂTEAU. Indépendant et fier de l'être, homme passionné pour qui 'la culture cinématographique d'aujourd'hui, était le cinéma de divertissement d'hier', il nous a entrouvert les portes du rêve et du souvenir avec sa Collection de films exceptionnels : La Mémoire du Cinéma Français. Il va nous cruellement manquer", ont-ils écrit à propos de l'homme de 84 ans.
Un homme qui a notamment partagé la vie de l'actrice Brigitte Lahaie dans les années 80 mais qui a surtout fait de sa passion pour le cinéma toute sa vie. Tour à tour journaliste, photographe, propriétaire de cinémas, éditeur, producteur, collectionneur, il a notamment côtoyé Marlon Brando, qu'il a photographié pour Vogue, ou encore Jean Sobieski, l'un des maris de Dalida, qui lui a fait découvrir Saint-Tropez.
Mais aussi (et surtout !) Jean-Paul Belmondo, de qui il fut très longtemps l'un des proches. En 1965, leurs chemins se croisent sur le tournage Pierrot le fou de Jean-Luc Godard. Et ne se lâcheront plus de sitôt. "C'est ici, dans les Parcs où je louais à l'époque la villa Thalassa, que j'ai décidé, en compagnie de Jean-Paul Belmondo, de devenir distributeur. Notre association en a fait le seul acteur au monde, depuis Charlie Chaplin, à être distributeur de ses propres films", aimait-il révéler fièrement selon nos confrères de Nice-Matin qui l'ont souvent croisé.
Ensemble, les succès s'accumulent (Flic ou voyou, Le Guignolo, Le Professionnel, Le Marginal, L'As des as, Les Morfalous...), mais cela ne durera pas. Au début des années 80, leur amitié s'étiole en effet. "C'est venu de l'usure... Comme beaucoup de couples, au bout de dix-huit ans, la complicité s'est envolée. La cassure s'est produite durant le tournage de Joyeuses Pâques. On s'est notamment accroché sur le panneau promo conçu pour le Festival de Cannes... Mais je n'en garde aucune amertume. J'admire le sens inné de la comédie de l'acteur. Ce que n'a jamais eu Delon, même si je l'adore", révélait-il avec pudeur lorsqu'il en parlait.
Fier, notamment, d'avoir lancé Big Boss, l'un des plus gros succès de kung-fu en France, il avait surnommé sa maison "la maison Bruce Lee". Et si sa villa reste le temple d'un cinéma et la marque d'une époque, son absence va se faire ressentir...