Un mois après avoir, à l'occasion de son 87e anniversaire, brandi le poing à la gloire des personnels soignants engagés dans le combat contre le Covid-19, Jean-Paul Belmondo continue de vivre vaillamment son confinement. S'il n'a plus à ses côtés son complice de toujours Charles Gérard, décédé en septembre 2019, Le Magnifique peut compter sur la compagnie d'un autre ami intime, le réalisateur et écrivain Jeff Domenech, auteur d'un documentaire de référence (Belmondo, itinéraire) sur le monstre sacré du cinéma français. Auprès du quotidien Le Parisien, celui-ci, qui s'est retrouvé fortuitement coincé à Paris, livre - "avec l'aval de l'acteur" - quelques aperçus de la manière dont ils gèrent le quotidien particulier du moment.
L'occasion, pour commencer, de revenir sur cet anniversaire confiné que Bébel a vécu le mois précédent. Confiné certes, mais pas oublié : Jeff Domenech relate à la journaliste Catherine Balle l'insistance d'Alain Delon le 9 avril, qui a appelé dix fois de suite en numéro masqué avant qu'à la onzième tentative son nom s'affiche sur le téléphone et qu'il puisse enfin adresser ses félicitations à son ami, tout en le chambrant sur son âge. "Alain et moi, on se connaît depuis plus de soixante ans et son amitié m'est précieuse", résume Jean-Paul Belmondo qui, ce soir-là, se trouvait "justement en train de visionner un montage vidéo dans lequel sa famille, ses amis et même quelques guest stars lui souhaitaient son anniversaire". S'il a dû faire une croix sur la tradition, qui veut qu'il souffle ses bougies "dans son restaurant italien favori", l'acteur n'a pas manqué d'apprécier, "très touché", tous ces affectueux messages vidéo, dont certains émanant même d'amis d'Hollywood, comme Robert de Niro ou Mickey Rourke.
Gracieusement hébergé par Belmondo, qui lui a offert le gîte lorsque le président de la République a annoncé la mise en place du confinement et qu'il s'est retrouvé à la porte de son hôtel, le Cannois Jeff Domenech, qui se trouvait alors dans la capitale pour le tournage de deux nouveaux documentaires sur l'acteur, détaille leur journée type : "On prend le petit déjeuner vers 10 heures, puis Jean-Paul lit la presse, appelle son frère aîné Alain, sa soeur Muriel, ses enfants et ses copains. Ensuite, il prend un bain de soleil sur le balcon et puis il fait une petite séance de muscu", soulevant des haltères pendant quinze à vingt minutes ! "Ce qui lui manque le plus, c'est de ne pas partager ses repas avec son frère, sa soeur ou ses potes comme il le fait en
temps normal", constate Jeff. On le sait : la camaraderie est ce que Jean-Paul chérit le plus et il lui est pénible de ne pas pouvoir fréquenter sa "bande" ni savoir s'il pourra se rendre sur la Côte d'Azur cet été : "Je patiente, comme tout le monde, et j'attends de voir comment la situation va évoluer", dit-il sagement.
Bon gré mal gré mais en forme, comme on peut le déduire de ses séances de sport à domicile, Bébel respecte strictement le confinement et n'est pas sorti une seule fois depuis qu'il a été décrété, laissant le soin à sa gouvernante de "sortir le chien et remplir le frigidaire". Mais il se tient "au courant de l'actualité" - ses déjeuners quotidiens au restaurant se déroulent désormais devant le JT de 13 heures, Jeff jouant occasionnellement les cuistots - et "se préoccupe du sort des intermittents", très durement impactés par la crise sanitaire et l'annulation de toutes les manifestations culturelles. Celle du Festival de Cannes et des grands événements sportifs, qui le passionnent tant, le chagrinent aussi, mais il prend son mal en patience et le temps s'écoule paisiblement entre visionnage de films, siestes, lecture... Domenech signale que l'As des as "préfère se détendre devant un de Funès ou un Pierre Richard" que regarder ses propres films, même s'il a consenti à deux entorses pour les récentes rediffusions de Le Magnifique et Les Mariés de l'An II.
Le Parisien s'est aussi renseigné auprès de l'acteur Antoine Duléry, l'un des intimes notoires de Bébel, qu'il appelle quotidiennement en FaceTime et qu'il a fini par visiter la semaine dernière, n'y tenant plus. "Là, ça faisait trop longtemps", se justifie Duléry, précisant avoir bien évidemment suivi scrupuleusement les précautions d'usage. Et de dresser un portrait qui, confinement ou pas confinement, ne surprendra personne : "Jean-Paul était très vif, il faisait le con comme d'habitude. D'abord, il m'a fait croire qu'il ne pouvait plus parler et après, il m'a offert un café qu'il avait salé ! Il m'a fait la blague des dizaines de fois... et à chaque fois, je me fais avoir. Il ne se plaint jamais, comme d'habitude, et est toujours dans la fantaisie, le sourire." Le confinement... magnifique, en somme.
GJ