Secoués par un double scandale en 2011, Jeannie Longo et son mari Patrice Ciprelli ont été, selon une information de L'Equipe et de l'AFP, cueillis au saut du lit mercredi 8 février 2012 par une dizaine d'enquêteurs. Ces derniers agissaient sur instruction du parquet de Grenoble et ont perquisitionné l'appartement du couple à Saint-Martin-le-Vinoux. D'après l'AFP, Patrice Ciprelli a été placé en garde à vue à 6h10 (la perquisition a donc débuté dès l'heure légale, à savoir 6h, et s'est achevée vers 11h30) de pair avec son ami Michel Lucatelli, directeur de l'équipe de France de skicross, pour "contrebande de marchandises dangereuses pour la santé", "infraction aux règlements sur le commerce de substances vénéneuses" et "importation de substances ou de procédés interdits aux fins d'usage par un sportif sans justification médicale". Jeannie Longo, elle, est actuellement auditionnée comme témoin.
Affaire Joe Papp : L'étau se resserre autour de Patrice Ciprelli
L'action des agents de l'Office central de lutte contre les atteintes à l'environnement et à la santé publique (OCLAESP) et de la section de recherches de la gendarmerie de Grenoble s'inscrit dans le cadre d'une enquête préliminaire ouverte le 14 septembre 2011 par le parquet de Grenoble sur des achats d'EPO chinoise par Patrice Ciprelli. Une affaire révélée l'an dernier par le quotidien sportif alors que la multiple championne Jeannie Longo était elle-même en plein scandale de dopage pour avoir manqué à ses obligations de localisation. Les faits en question remontaient à avril 2007, quand Patrice Ciprelli, mari et entraîneur de Jeannie Longo, avait acheté via Internet de l'EPO chinoise auprès d'un certain Joe Papp, ancien cycliste américain poursuivi pour trafic de produits dopants, précisant dans ses mails "c'est pour ma femme". Déjà marquée par le récent décès de son père et par ses difficultés morales et sportives, Longo avait dû faire face aux suspicions et à la suspension de son mari par la Fédération française de cyclisme. Par suite, le tribunal administratif de Grenoble avait déjugé la décision de la FFC et ordonné de lever la suspension de Patrice Ciprelli. Mais l'enquête du parquet ouverte suite aux révélations de L'Equipe, elle, a suivi son cours... pour aboutir aujourd'hui à la mise en examen de Patrice Ciprelli. L'Equipe précise que l'Union cycliste internationale (UCI) se serait affairée depuis septembre sur ce dossier.
Les gendarmes d'Arcueil (dans le Val-de-Marne, siège de l'OCLAESP), en se penchant sur la première transaction, remontant à 2007 et prescrite par la loi, ont repéré au cours de leurs investigations d'autres "présumés achats d'EPO effectués par le même homme, lors des années 2010 et 2011", tombant sous le coup d'articles issus du Code de la santé, du sport et des douanes. L'Equipe dévoile le détail de ces opérations suspectes "auprès d'un fournisseur d'EPO étrangère", "au moins cinq, deux en 2010 et trois en 2011", et ce que leur découverte a révélé : "Parmi ces trois dernières, les enquêteurs auraient formellement récupéré deux factures d'environ 500 euros chacune, identifiant un compte bancaire au nom de l'époux de Jeannie Longo ainsi que la nature de la marchandise importée via Internet et des colis postaux : de l'Eprex, EPO de première génération."
Jeannie Longo mouillée ?
Déjà privée de championnats du monde en décembre 2011 suite à son retrait de l'équipe de France, Jeannie Longo pourrait bien manquer les Jeux olympiques de Londres l'été prochain si une quelconque implication venait à être avérée. Pour l'heure, aucun lien direct n'est encore établi avec elle, mais "les enquêteurs ne seraient pas loin d'arriver à établir une possible relation", avance L'Equipe, qui indique encore que la mère de Patrice Ciprelli, Yvonne, pourrait être bientôt auditionnée, son adresse étant apparue dans la transaction de 2007.
Et tandis que le grand déballage se poursuit simultanément à la perquisition, L'Equipe révèle conjointement une anecdote croustillante : Jeannie Longo a rendu visite la semaine dernière à l'Agence française de lutte contre le dopage (AFLD) après avoir reçu une lettre recommandée stipulant qu'elle faisait de nouveau partie du groupe cible des sportifs soumis aux règles de localisation. Ce fameux groupe dont elle ne faisait plus partie au moment du scandale de 2011. La championne s'est déplacée au siège de l'instance pour contester, comme elle en a le droit, son inclusion au groupe cible et dénoncer un acharnement. Une broutille dans un horizon qui s'assombrit considérablement...