Interrogé par la télévision, Alexis Vastine a la gorge nouée, incapable de parler. Les larmes se mêlent à la sueur sur son visage. Quelques minutes plutôt, le boxeur français vient de se faire voler sa victoire lors de son quart de finale, comme ce fut déjà le cas à Pékin quatre ans plus tôt.
Le Tricolore avait pourtant dominé son sujet du début à la fin, alliant précision, puissance des coups et esquives. Une panoplie complète qui lui permettait de lever les bras au retentissement du gong, alors que son adversaire du jour, le champion du monde 2011 Tars Shelestyuk, baissait la tête et prenait cet air de ceux qui savent qu'ils ont perdu, réconforté par son entraîneur.
"J'étais serein à 2000%! C'est la première fois de ma vie que j'explose de joie comme ça, avant qu'on me lève le bras. Regardez l'Ukrainien, regardez sa tête et regardez le dernier round, comment il me court après, il sait qu'il est en retard", confiait le jeune Tricolore après avoir digéré le goût amer d'une défaite injuste. Car au moment de la décision, c'est bien le bras de l'Ukrainien que levait l'arbitre sous les huées de la salle. Alexis Vastine éclatait alors de colère, s'effondrait sur le ring, d'abord prostré, puis incapable de tenir en place, frappant du point un des coins du ring sous les applaudissements du public. "Nique ta mère, le rêve !", "Pas deux fois !", "C'est un truc de dingue", hurlait-il, dégoûté par un résultat honteux pour la boxe olympique.
"Là, je ressens de l'injustice, un gros ras-le-bol. Après cette décision, on a porté réclamation, ils vont visionner la vidéo, on est en train d'attendre le verdict. C'est une injustice, sur une deuxième olympiade, sauf que cette fois, j'ai rien autour du cou, pour l'instant. J'ai pas de mots... S'ils changent la décision, je serai plus heureux, mais ça n'aura pas le même goût que sur l'instant", expliquait-il après que l'encadrement tricolore eut déposé réclamation.
Une démarche illusoire, car plus tard dans la nuit, la décision tombait. La victoire de l'Ukrainien était confirmée. "Une décision incroyable, insupportable," ajoutait l'entraîneur Jean Savarino. Évoquant des raisons politiques et la malhonnêteté des juges, Alexis Vastine envisage désormais de quitter le monde de la boxe amateur : "Je ferai un point, mais c'est clair que ça ne donne pas envie. C'est un sport très dur. Et il y a des personnes qui dirigent ce sport qui ne sont pas correctes. Ils ne se rendent pas compte des sacrifices qu'on fait à l'entraînement, les régimes, les coups qu'on prend."
Une incompétence criarde des juges qui malheureusement se répète chaque année...