Kennedy : le nom a beau avoir des origines irlandaises, il est indissociable de l'histoire américaine. Histoire tragique avant tout, puisque John-Fitzgerald, 35ᵉ président des États-Unis, est mort assassiné, victime lui aussi d'une malédiction, selon certains. C'était le 22 novembre 1963 à Dallas, il y a 61 ans aujourd'hui. Inoubliables images que celles de cette Lincoln décapotable noire traversant le centre-ville de la capitale du Texas. Le chef de l'État américain est assis à l'arrière du véhicule avec sa femme Jacky, toute de rose vêtue, lorsqu'une balle l'atteint soudain à la tête, projetée violemment sur le côté sous l'impact. Le temps de réaliser ce qui vient d'arriver, la Première dame se rue en rampant à l'arrière du véhicule vers un garde du corps qui a sauté sur la voiture en marche. Une heure et demie plus tard, un suspect, Lee Harvey Oswald, est arrêté après avoir tué un policier. Deux jours après, l'homme sera à son tour assassiné par Jack Ruby, propriétaire d'une boîte de nuit, lors de son transfert à la prison de Dallas.
JFK reste évidemment le Kennedy le plus célèbre. Pourtant, le poids de cette famille pesait déjà sur l'histoire américaine dès le début du XXᵉ siècle, et comme le président défunt avait huit frères et soeurs et qu'il a eu trois enfants, la saga, pour le meilleur, et souvent pour le pire, a perduré...
Ces derniers jours, on a beaucoup entendu parler de Robert F. Kennedy Jr. Ce neveu de JFK, bien que démocrate, comme la plupart des membres de la famille, vient pourtant d'être promu par Donald Trump. Il sera son ministre de la Santé. Un homme ayant traversé un terrible drame familial, qui prétend que des vaccins sont responsables de l'autisme, que le fluor donne le cancer. Complotiste, antivax, il fut un temps convaincu d'avoir un ver dans la tête qui lui avait mangé une partie du cerveau avant de mourir dans son corps...
Un autre Kennedy a fait parler de lui au cours des dernières semaines. Fin août, en pleine campagne présidentielle, Jack Schlossberg, moins facilement identifiable car il ne porte pas le célèbre patronyme, a surgi dans l'actualité en apportant son soutien à Kamala Harris. Les Américains le connaissent bien : c'est l'unique petit-fils de JFK !
John Bouvier Kennedy Schlossberg, de son vrai nom, est né à New York en 1993 de l'histoire d'amour entre le designer Edwin Schlossberg et la fille de l'ancien président, Caroline Kennedy. Il fut aussi le neveu par alliance d'Arnold Schwarzenegger, puisque sa tante, Maria Shriver, est l'ex de l'interprète de Terminator. Ce jeune homme de bonne famille a grandi dans les beaux quartiers de New York et prenait congé dans la ferme de sa grand-mère, Jackie, sur une île du Massachusetts. La belle vie, entre Amérique et Japon, où sa mère sera ambassadrice des États-Unis de 2013 à 2017.
Son parcours est singulier. Il a bien sûr fréquenté les meilleures écoles : Yale et Harvard. Mais il a aussi toujours effectué des activités manuelles. Jeune, il travaillait l'été sur des bateaux de pêche. Plus tard, il est devenu technicien de l'environnement, chargé de nettoyer des réservoirs de pétrole. À ses heures perdues, le jeune homme, qui naguère s'intéressait de près à Kendall Jenner, versait dans la comédie en faisant du stand-up.
Il en a gardé le goût pour le show. Sur sa chaîne TikTok, suivie par près d'un demi-million de fans, le beau gosse mélange humour et politique dans des sketches où il se met en scène tel un YouTubeur. Jouant les Rocky Balboa devant le musée de Philadelphie en se versant du lait sur le corps, en fausse séance de psychanalyse pour expliquer qu'il est malade de voir ses concitoyens prêts à voter Trump, torse nu sur son paddle sur l'Hudson, posant avec des stars comme Eva Longoria ou décrivant sa routine beauté du matin en s'aspergeant de talc pour absorber la sueur, l'homme n'hésite pas à jouer les excentriques pour faire passer ses messages. Un excentrique, mais qui sait très bien ce qu'il fait, sachant adresser à une cible jeune ses messages au caractère hautement politique, au point que certains lui imaginent déjà une grande carrière, à la Kennedy.
En attendant, il aiguise son esprit, son appétit et sa plume dans les médias. Auteur d'un premier article à 18 ans dans les colonnes du prestigieux New York Times, il a depuis écrit pour Time, New York Magazine, The Washington Post ou le site Politico. Sous les dehors de cet amuseur sommeille en effet une bête politique. Cet été, il a ainsi été engagé par le célèbre magazine Vogue, connu pour pencher en faveur des démocrates, pour couvrir la campagne électorale.
Sur ses réseaux sociaux, le jeune homme a d'ailleurs montré que ses idées passaient avant sa famille, lui qui a étrillé son cousin, le fameux Robert F. Kennedy Jr., qu'il a comparé à un "cheval idiot dopé à la testostérone". Stagiaire de John Kerry, candidat malheureux à la présidentielle de 2004, battu par George W. Bush, Schlossberg avait déclaré en 2017 qu'il était sensible à "l'héritage laissé par sa famille au service de l'intérêt général". Une déclaration comme la promesse d'un engagement ? Quoi qu'il en soit, il a déjà la plupart des cartes en main pour réussir et perpétuer la tradition familiale.