La scène tend à devenir rituelle : le roi Juan Carlos Ier d'Espagne, opéré une nouvelle fois de la hanche, a quitté lundi 25 novembre 2013 l'hôpital Quiron en voiture, vitre baissée, sourire de circonstance et paroles rassurantes de rigueur devant les journalistes qui faisaient le pied de grue aux abords de l'établissement de la banlieue de Madrid depuis l'admission programmée du souverain de 75 ans le 21 novembre.
Deux mois après avoir subi le 24 septembre, au même endroit et sous la houlette de la même équipe médicale, l'implantation d'une prothèse provisoire couverte d'antibiotiques motivée par le développement l'été dernier d'une infection au niveau de la prothèse qui lui avait été posée à la hanche gauche en novembre 2012, le monarque ibérique a cette fois reçu jeudi 21 novembre la prothèse définitive. Il s'agissait de la neuvième opération chirurgicale concernant Juan Carlos Ier d'Espagne depuis la première, en mai 2010, d'une longue série qui a attisé les spéculations quant à une éventuelle abdication au profit de son fils le prince Felipe.
Diminué autant par son déclin physique visible que par les scandales qui ont dans la même période entaché la couronne, le souverain a toutefois appris à faire le dos rond et à servir des réponses sans souci : "Tout va très bien. À merveille. Merci", a-t-il d'ailleurs répondu la mine radieuse aux journalistes alors qu'il quittait dans l'après-midi la clinique Quiron pour rejoindre sa résidence royale, le palais de la Zarzuela, quatre jours seulement après l'opération. Quelques moments plus tôt, Lucia Alonso, directrice de l'établissement, avait donné lecture du dernier bulletin médical du patient royal, annonçant le départ imminent du roi, "après avoir achevé de façon satisfaisante le processus post-opératoire et récupéré une autonomie suffisante pour les gestes quotidiens" et précisant que les derniers examens avaient mis en évidence "la disparition du processus infectieux de la hanche". "Au cours des prochaines semaines, don Juan Carlos continuera à suivre en ambulatoire son traitement, le processus postopératoire et le programme de rééducation prévu", avait-elle ajouté. Suite à la précédente intervention, le docteur Cabanela, chirurgien en charge du cas royal, avait pronostiqué 10 à 12 semaines de convalescence à l'issue du remplacement définitif de la prothèse avant que le souverain - soutenu par des béquilles depuis de longs mois - recouvre l'ensemble de ses moyens. Jusqu'au mois de février 2014, il faut donc s'attendre à voir le prince héritier Felipe et son épouse Letizia occuper encore les avant-postes pour pallier l'indisponibilité du monarque.
Avant son départ de la clinique, un autre rituel avait eu lieu : celui des visites des membres de la famille royale. Comme la fois précédente, la reine Sofia, épouse de Juan Carlos, pouvait compter sur le soutien du prince et de la princesse des Asturies avec leurs filles Leonor et Sofia, et sur celui de l'infante Elena, aînée des trois enfants du couple royal, ainsi que son fils Felipe de Marichalar, pour venir prendre des nouvelles du septuagénaire et égayer son séjour à l'hôpital. Même l'infante Cristina avait fait le déplacement, depuis Genève où elle vit depuis fin août avec sa famille, en attendant le procès de son mari Iñaki Urdangarin pour détournement de fonds.
Lundi, tandis que le roi regagnait ses pénates, Felipe et Letizia étaient d'ailleurs à pied d'oeuvre. Si l'héritier du trône espagnol a dû annuler son départ à destination du Brésil et de São Paulo en raison d'une avarie matérielle (court-circuit) sur l'avion qui devait le transporter, la princesse des Asturies a assuré sans problème et en toute élégance ses engagements - visite d'une association caritative et remise des prix Roi Jaime à Valence.