La carrière de Judith Godrèche suscite l'admiration, elle qui brille depuis l'adolescence sur les écrans. Sa vie sentimentale est connue également, notamment les couples qu'elle a formés avec des artistes célèbres, d'abord Dany Boon puis Maurice Barthélémy. Revenue sous les projecteurs récemment avec la sortie d'Icon of French Cinema sur Arte, l'actrice de 51 ans a distillé peu à peu, un autre regard sur son vécu, en abordant l'aspect autobiographique de sa série et notamment sa relation notoire avec le réalisateur Benoît Jacquot, de 25 ans son aîné et qu'elle avait rencontré à 14 ans. Chacune de ses interventions médiatiques la ramènent à son passé, en parler devient de plus en plus violent, comme ce passage dans Quelle époque ! où elle finit en larmes.
Vient ce mois de février 2024, où l'on apprend que le parquet de Paris a ouvert une enquête après la plainte de l'actrice Judith Godrèche pour viols sur mineure contre le célèbre cinéaste. Le Monde a enquêté sur cette affaire, croisant les souvenirs de la comédienne comme ceux qui l'ont côtoyée à l'époque. Rapidement, l'on s'interroge sur les parents de celle qui a démarré dans le monde du cinéma alors qu'elle avait 14 ans.
Judith Godrèche est la fille d'un père psychanalyste et d'une mère psychomotricienne "qui est écrasée" par son mari, écrit Le Monde. Une femme qui a divorcé quand sa fille avait 8 ans et qui s'efface de l'éducation de sa fille, cette dernière se retrouvant alors seule avec son père, courant les plateaux de tournage puisqu'elle rêve d'être actrice. Les journalistes Lorraine de Foucher et Jérôme Lefilliâtre ont échangé avec Marie, sa mère, qui se confie en parlant d'un "espèce de voile" brouillant ses souvenirs sur le "couple" formé par Benoît Jacquot et sa fille : "C'était comme si elle était enfermée, il fallait demander la permission à Benoît pour tout, même pour qu'elle passe Noël avec moi. C'est lui qui décidait de tout, c'était une relation tyrannique. Alors que c'était encore une petite fille : elle avait un doudou. Je pense qu'elle n'a jamais été heureuse."
Ses parents étaient au courant de la relation dite amoureuse de leur fille. Elle avait raconté à sa mère les violences physiques qu'elle subissait de la part de Benoît Jacquot, mais elle n'a rien fait : "J'étais tétanisée, j'avais une relation très difficile avec son père. Je suis partie quand elle avait 8 ans, elle est restée vivre avec lui et je n'ai pas su être une mère protectrice. Aujourd'hui, je suis heureuse de voir que Judith est une mère extraordinaire avec ses propres enfants [Noé Boon et Tess Barthélémy], attentive et à l'écoute."
Et son père dans tout ça ? Alain Godrèche la laisse fréquenter Benoît Jacquot. Il remarque qu'elle a mauvaise mine quand elle rentre de chez le réalisateur. Cependant, son père a signé tout de même une autorisation parentale pour qu'elle puisse déplacer, en tant que mineure, avec le cinéaste. Un producteur, Philippe Carcassonne dira : "A ma connaissance, son père ne trouvait rien à redire à cette situation, je n'avais donc aucune légitimité à objecter quoi que ce soit."
Des parents qui l'ont laissée acheter à parts égales un appartement dans Le Marais à la demande de Benoît Jacquot qui ne disposait pas des fonds suffisants. "Ses ressources sont bloquées tant que Judith Godrèche n'est pas majeure. Les parents de la comédienne acceptent qu'elle soit émancipée avant ses 18 ans", écrit Le Monde. Un lieu où elle finira complètement isolée, même la nourriture y est rationnée se souvient-elle. Son père finira toutefois par réaliser l'ampleur de l'emprise décrite par sa fille et l'encouragera à partir. De son côté, le réalisateur - dont les propos dans un documentaire de Gérard Miller, désormais mis en cause pour agressions sexuelles, ont choqué, Judith Godrèche en premier - affirmera dans les colonnes du Monde : "Elle avait une clé de l'appartement et elle partait seule pour tourner. Séquestrer quelqu'un, ce n'est pas cela."
Benoît Jacquot reste présumé innocent des faits qui lui sont reprochés jusqu'à la clôture définitive du dossier par la justice