Une trentaine d'années après ses premiers pas au cinéma, Julie Delpy est passée de la comédienne intello de film d'auteur à l'actrice et réalisatrice de comédie hystérique.
Outre la surprise torturée La Comtesse (2009), elle s'est amusée à dépeindre les relations décalées d'une brochette de personnages tendrement loufoques dans 2 Days in Paris (2007) et Le Skylab (2011). Deux films débridés où l'amour est une plaisanterie qui fait pleurer, où la famille est une farce sans limites et où les disputes sont aussi drôles qu'embarrassantes.
Avec une telle carte de visite, tout le monde imagine Julie Delpy hurler sur le premier venu, passer ses nuits à refaire le monde avec ses amis anarchistes et enchaîner clopes et fous-rires. Erreur. "Je ne suis pas foldingue. Je suis un cube. D'un ennui total. Dans ma vie, je passe mon temps à écrire, à faire la cuisine. C'est quasi-monastique. Peut-être qu'on l'a dit à une époque où je m'énervais plus facilement." Mère de Leo (3 ans), elle raconte son quotidien à Grazia : "Eh bien, je n'ai pas de vie sociale, je ne sors pas. Je bosse 80% de mon temps. Le reste, je le passe avec mon fils. Je dors à peu près cinq heures par nuit en moyenne et je suis sûre de m'abîmer la santé, que je ne peux pas continuer à vivre ainsi sans mourir très vite." Elle évoque au passage l'un de ses projets en cours, une histoire qui se déroule en 1907 et qui, de toute évidence, n'a rien à voir avec The Right Profile, le biopic sur Joe Strummer des Clash.
Véritable boule de nerfs, Julie Delpy ne "supporte pas les flemmards" et avoue avoir du mal à gérer le côté rêveur de son mari : "C'est-à-dire que je lui pose une question, et il réfléchit avant de me répondre. Vous voyez ? Moi j'aime les réponses directes. Je suis une terroriste de l'esprit, quoi !" Celle qui s'est envolée vers les Etats-Unis pour fuir un cinéma français, excédée par sa franchise, reste bel et bien la même : "Personne n'arrivera à me contrôler. Mon mari a maintenant compris que ça ne sera pas possible."
Élevée par les comédiens Albert Delpy et Marie Pillet, décédée en février 2009, Julie Delpy est restée inspirée par le couple moderne et engagé que formaient ses parents. Son père s'est d'ailleurs improvisé journaliste le temps d'une petite interview dans Elle, où il lui demande pourquoi la famille est au centre de ses films : "Nous formions un triangle assez infernal, toi, maman et moi. (...) [La famille] représente un microcosme assez parlant de la société dans laquelle on vit."
Particulièrement déchaîné devant la caméra de sa fille, qui lui offre toujours des rôles décalés, Albert Delpy se demande si elle le perçoit vraiment comme un fou. Julie Delpy n'hésite pas à lui rappeler son CV : "Je te rappelle que, dans Mammuth, tu n'as pas hésité à branler Gérard Depardieu et vice-versa ! Tu vois que tu es prêt à tout." Tel père, telle fille.
2 Days in New York, en salles le 28 mars.
Retrouvez l'interview de Julie Delpy dans Grazia, 23 mars 2012. Et l'interview de la réalisatrice par Albert Delpy dans Elle, 23 mars 2012.