La tension de Camilla Parker Bowles, qui campe près du téléphone ; la flamme de l'archevêque de Canterbury, Justin Welby, très inspiré par ce bébé porteur de drame et d'espoir ; la hâte de la reine Elizabeth II elle-même, qui aimerait vraiment que le chérubin pointe le bout de son nez avant son départ en vacances à Balmoral : si le bébé de Kate Middleton et du prince William est devenu la top priority internationale, obsédant aussi bien leur entourage que les médias du monde entier, tout le monde est loin de partager cette frénésie galopante.
Une voix discordante s'est fait entendre plus que les autres : Margaret Rhodes, cousine germaine de la reine Elizabeth II, a beau être liée à la famille royale et très proche de la monarque, l'imminence de la venue au monde d'un(e) futur(e) roi/reine la laisse de marbre.
Interrogée par la chaîne américaine CNN, la confidente notoire de la reine, qu'elle précède en âge de quelques mois (88 ans contre 87), qui fut sa copine de jeu régulière durant leur enfance et sa demoiselle d'honneur lors de son mariage avec le duc d'Edimbourg en 1947, conserve un sang-froid qui serait presque glacial si la vénérable dame n'avait pas par ailleurs un côté un peu facétieux. Filmée à Windsor lors de l'entretien, elle refroidit ainsi les ardeurs de la journaliste vedette Christine Amanpour, envoyée spéciale sur le sol britannique pour couvrir la naissance du royal baby, notamment lorsque celle-ci lui demande si elle est "enthousiasmée" par l'événement : "Pas tellement", répond, lapidaire, Margaret Rhodes, partant alors d'un rire tonitruant qui en dit long. Et de compléter sa réponse : "C'est que, vous voyez, tout le monde fait des bébés. Et c'est adorable, mais ça ne m'enthousiasme pas follement."
En intervieweuse expérimentée, Christine Amanpour ne se démonte pas et fait valoir le destin hors norme que cet enfant, appelé à régner, devra assumer : "Oui, bon, d'accord, concède à son corps défendant Margaret Rhodes. Je vais faire en sorte de m'enthousiasmer."
Née Margaret Elphinstone, fille de Mary Bowes-Lyon, soeur de la reine mère dont elle-même fut plus tard la dame de compagnie, Margaret Rhodes, qui vit sur le domaine de Windsor (elle occupe la Garden House), a elle-même eu quatre enfants, issus de son mariage avec l'écrivain Denys Gravenor Rhodes. Sans parler de tous les évenements importants, naissances et autres, qu'elle a pu voir survenir dans la famille royale en neuf décades. Autant dire qu'elle n'a pas de froideur innée par rapport à l'enfantement, mais simplement une forme de distance face à l'hystérie moderne. Ce qui ne l'empêche pas de souhaiter le meilleur au royal baby, et surtout, justement, de vivre "simplement la vie joyeuse et heureuse d'un enfant ordinaire". Chose possible, croit-elle savoir, citant les jeunes années des princesses Elizabeth et Margaret pour exemple : "Le roi et la reine, en leur temps, ont fait un effort colossal pour ménager à leur enfance une sorte de sanctuaire, témoigne celle qui publiait en 2011 son autobiographie, The Final Curtsey, et qui avait fait sensation en révélant son émotion après avoir vu le film oscarisé Le Discours d'un roi. C'était une période où il n'était question que d'apprendre et de s'amuser. Et il me semble qu'ils y sont terriblement bien arrivés."
Personnalité assez fascinante, et bonne cliente pour les médias, qui avait estimé il y a quelques années que la reine Elizabeth II n'abdiquerait jamais, Margaret Rhodes se fend d'un petit satisfecit adressé à Kate Middleton, qui à ses yeux "s'en sort très, très bien" : "Je pense qu'elle a une façon de faire qui s'avérera très attractive. Et je pense qu'elle ne courra pas après la médiatisation... ce que Diana a peut-être un peu fait."