Deux semaines après la rocambolesque agression de Kim Kardashian, le concierge de l'hôtel particulier où s'est déroulé le drame s'est confié aux journalistes du DailyMail. Surnommé Abdulrahman dans un souci d'anonymat, l'homme de 39 ans qui travaille depuis plusieurs années à l'hôtel de Pourtalès, plus connu sous le nom de No Address, a livré les détails de sa nuit cauchemardesque et a pointé du doigt la responsabilité de sa direction.
Gardes la tête baissée sinon je te tue.
L'homme d'origine algérienne, papa d'un enfant, était seul présent sur place le 3 octobre dernier quand la vedette de télé-réalité a été braquée et ligotée, avant d'être délestée de près de 10 millions de dollars de bijoux. "J'étais à la réception, ils m'ont fait signe depuis la porte en vitre. J'ai vu des uniformes de police donc j'ai ouvert et ils m'ont attrapé et menotté. Deux d'entre eux avaient des cagoules, le troisième un col roulé jusqu'aux yeux. D'abord j'ai cru que c'était la police qui intervenait puis, quand ils m'ont demandé où se trouvait la caméra de sécurité, j'ai compris que c'était un cambriolage. J'ai regardé l'un d'eux et il s'est énervé, il m'a dit : 'Garde la tête baissée sinon je te tue'", se souvient le concierge, qui termine en parallèle son doctorat à la Sorbonne.
Sous la contrainte, il a conduit les malfaiteurs jusqu'à la femme du rappeur Kanye West, regrettant que le prestigieux établissement soit si peu sûr. La porte de la chambre par exemple est en bois, fermée par une simple serrure à goupilles et personne posté devant. "Ce n'est pas du tout sécurisé. C'est un choix, l'hôtel n'en a rien faire. On les a prévenus il y a des années, on leur a dit de mettre des caméras et un service de sécurité, faire quelque chose pour les clés parce que rien ne ferme. La porte était ouverte et ça fait des années que la caméra dans le hall ne fonctionne plus. Il n'y a ni adresse ni sécurité ici", s'est-il emporté.
Pour appuyer ses propos, l'homme a fourni une copie d'une lettre qu'il a rédigée il y a six ans à l'attention de ses responsables pour témoigner des nombreuses défaillances. Le code est le même depuis cinq ans, "tout le monde le connaît", assure-t-il et les journalistes du DailyMail ont pu constater, en effet, qu'il n'avait même pas changé depuis le cambriolage. Un choix délibéré de sa direction qui souhaite avant tout protéger l'anonymat et la discrétion de ses célèbres clients qui font parfois appel à des prostituées ou reçoivent des partenaires d'affaires sensibles.
Un jour, quelqu'un risque d'y passer
Pas de quoi rassurer le personnel de l'hôtel. C'est pourquoi Abdulrahman a l'intention de porter plainte. "Je suis fou de rage et c'est à cause de l'hôtel. Ils sont les premiers responsables, je leur en veux toujours. De nos jours, il faut éviter que ce genre de choses arrive parce qu'un jour, quelqu'un risque d'y passer. Ça peut être bien plus grave qu'un simple vol de bijoux", a-t-il regretté. L'homme, décrit par ses collèges comme "quelqu'un de loyal et de dévoué, un travailleur et un employé extrêmement intelligent", souffre aujourd'hui d'un vrai préjudice psychologique.
"Il a besoin d'aide et de protection, les membres du gang qui a agi sont nombreux et ils pourraient venir s'en prendre à lui", étant donné qu'il est le seul, avec Kim Kardashian, a avoir vu leur visage. Abdulrahman craint aujourd'hui pour sa vie car il est un témoin clé dans l'un des plus gros cambriolages des temps modernes en France, commis par un gang organisé qui encourt jusqu'à trente ans de prison.
Coline Chavaroche