Mercredi 10 janvier, peu après 18h, cinq hommes cagoulés font irruption dans l'hôtel Ritz, place Vendôme, dans le but de braquer des bijoux. Deux hommes réussiront à s'échapper et repartiront avec un butin de 4,5 millions d'euros, alors que trois autres seront arrêtés par la police. À l'intérieur du célèbre palace parisien se trouvait Frédéric Beigbeder. L'écrivain était avec "le chef Colin Field, star parisienne des cocktails, au bar Hemingway pour une interview et une séance photos" et dégustait "un Moscow mule, délicieux cocktail pimenté à base de vodka et de gingembre", lorsqu'"un serveur est arrivé en courant et en criant: 'Partez tous, partez tous!'".
"Sur le coup, personne n'a vraiment compris ce qui se passait lorsque, juste après, trois types cagoulés ont fait à leur tour irruption dans le bar. Ils ont juste dit: 'Barrez-vous, on ne va pas vous faire de mal.' Ces quelques mots, qui se voulaient j'imagine rassurants, ont déclenché un vent de panique. J'ai cru voir que les types étaient armés de longs objets noirs, comme des fusils", raconte-t-il au Figaro. Evidemment apeuré, Frédéric Beigbeder a forcément "pensé à une attaque terroriste, car nous étions le lendemain du jour anniversaire de la mort des frères Kouachi". "Tout le monde s'est mis à galoper pour rejoindre la sortie située au niveau de la rue Cambon, ou pour s'enfuir vers le couloir où se trouvaient les présentoirs de bijoux" que cherchaient justement les braqueurs.
Mais Beigbeder, lui, se réfugie dans les sous-sols, avec Alina Gurdiel, son attachée de presse. "Là, on s'est retrouvés enfermés dans les toilettes en ne faisant aucun bruit. On essayait de retenir notre souffle, de ne plus respirer. Au bout d'une dizaine de minutes, je commençais à blaguer à voix très basse pour détendre l'atmosphère quand nous avons entendu à l'étage des coups de feu en rafale", se rappelle le romancier et réalisateur, évoquant une fusillade qui lui "semblait interminable". "J'ai aussitôt pensé à un attentat du type Bataclan. J''imaginais qu'on allait se faire tuer un par un, qu'on allait tous y passer. Entre deux claquements de balles, on entendait dans les couloirs la musique de l'hôtel qui diffusait du Frank Sinatra et des mélodies de Noël. C'était assez surréaliste, on se serait cru dans un film de David Lynch", rapporte-t-il.
Une fois sorti du sous-sol, Frédéric Beigbeder évoque "un grand moment de soulagement". "Je suis sorti en chaussettes pour ne pas faire de bruit et j'ai croisé un homme avec un blouson ciglé 'police' dans le dos qui m'a dit que tout était fini", se remémore-t-il même. Une fois remonté au bar, Frédéric Beigbeder ne quitte pas l'établissement sous le choc. "Je me suis dit que la meilleure chose à faire était alors de remonter finir nos verres au bar Hemingway. Des éclats jonchaient le sol du rez-de-chaussée, où avaient été exposées les montres et les rivières de diamants. J'ai fini mon Moscow mule en compagnie de quatre touristes américaines", raconte-t-il.