L a vraiment de quoi faire des envieuses. Après avoir gravé son Initiale - titre de son premier album - "dans le sillage de Barbara" le mois dernier, se voyant décerner l'éloquent Prix Barbara récompensant les jeunes auteures-compositrices-interprètes très en verve par le ministre de la Culture Frédéric Mitterrand et son aréopage de jurés, l'artiste de 29 ans a vu ses talents primés par une autre institution musicale : le prix d'excellence québécois Félix-Leclerc, attribué chaque année à un artiste québécois lors des Francofolies de Montréal et à un artiste français lors d'une soirée à Paris.
L, Raphaëlle Lannadère de son vrai nom, rejoint notamment au palmarès de la distinction québécoise une autre initiale célèbre du paysage créatif français : M, la facette artistique de Matthieu Chedid, primé en 1998.
Révélée de manière fulgurante par son EP publié en 2008, propulsée sur la scène du Printemps de Bourges et au Chantier des Francofolies de La Rochelle en 2010, L, après avoir pendant des années chanté les classiques (Barbara, Brel, Ferré ou Piaf) de la chanson française, atteint déjà la consécration avec sa propre production, érudite et élégante, cosmopolite dans sa musicalité (l'influence de ses incursions dans divers chants traditionnels tels que le fado ou le spolyphonies tsiganes), épaulée par l'excellent Babx - qui a réalisé Initiale. Un album où nous vous invitions à vous perdre en toute confiance, en ces termes :
"La rime est riche, la voix, lancinante, aussi ; le style est soutenu, l'émotion aussi ; les arrangements, atemporels, surfins et ciselés jusqu'au plus infini détail, enluminent un talent sans triche. Initiale, et déjà essentielle.
Les audacieuses langueurs de Mon frère ou Je fume, la litanie électro-twistée et galopante de Pareil, les vertiges aux volutes de rock mélodieux de Jalouse et de Petite, la fresque nocturne et surannée du quartier de Château rouge et du carrousel de ses vices, une chanson-titre (Initiale) digne de s'accoupler avec Ton Héritage de Biolay, cette nuée de Corbeaux qui s'envolent pour un final sans mauvais augure, d'une majesté sereine comparable à la coda du Matin de Peer Gynt..."
Vraie révélation, l'incontournable magazine Serge la fait d'ailleurs poser en couverture de son numéro de rentrée (août-septembre) aux côtés de Nolwenn Leroy, revenue au tout premier plan avec l'album traditionnel Bretonne, et Zaz, la sensation popu de 2010. Et avant de partir en tournée cet été (elle sera dimanche aux Francofolies de La Rochelle, pour lesquelles elle s'est livrée à une piquante interview croisée avec Alex Beaupain) et à la rentrée, L se dévoilait un peu plus avec le clip de son tourbillonnant Jalouse aux saveurs de nostalgie. Mais c'est bien l'avenir qui s'offre jalousement à L.
G.J.