La princesse Latifa est-elle véritablement retenue en otage par son père, l'émir de Dubaï ? Le 16 février 2021, la BBC et Sky News ont diffusé des vidéos dans lesquelles la fille de Mohammed ben Rached al-Maktoum dit être séquestrée et craindre pour sa vie. La princesse de 35 ans avait en vain tenté de s'évader en bateau de la cité-Etat du Golfe en 2018, avant d'y être ramenée, comme l'a rappelé l'AFP.
"Je suis dans une villa. Je suis prise en otage et cette villa a été transformée en prison", Latifa al-Maktoum déclare-t-elle dans une vidéo enregistrée avec un téléphone portable depuis les toilettes car "c'est la seule pièce avec une porte que je peux verrouiller". "Toutes les fenêtres ont été condamnées (...), il y a cinq policiers à l'extérieur et deux femmes policiers à l'intérieur", ajoute-t-elle. "Je m'inquiète tous les jours pour ma sécurité et pour ma vie (...) la police m'a dit que je serai en prison toute ma vie et que je ne reverrai plus jamais le soleil", poursuit-elle. "La situation devient chaque jour plus désespérée". Sky News a expliqué que ces vidéos avaient été prises sur un téléphone que des proches avaient réussi à fournir à la princesse. La chaîne dit être parvenue à transmettre des questions au printemps et à l'été 2019, mais que le contact a été perdu à l'été 2020.
Inquiets de ne pas avoir de ses nouvelles, les proches de Latifa ont transmis ces vidéos pour faire pression pour sa libération, notamment auprès de l'ONU. Contactées par l'AFP, les autorités de Dubaï, dont Mohammed ben Rached al-Maktoum, 71 ans, est le Premier ministre, n'avaient pas réagi mardi après-midi. Mercredi, le chef de la diplomatie britannique a souhaité voir des preuves de vie de la princesse. "Ce sont des images très pénibles, un cas très difficile. Et je pense que c'est inquiétant", a déclaré Dominic Raab sur Sky News. "Les gens voudraient (...) la voir en vie et en bonne santé, (...) et nous serions certainement heureux de cela", a-t-il ajouté. Un porte-parole de la Haut-commissaire aux droits de l'homme des Nations unies a indiqué à la BBC qu'elle interrogerait les Emirats arabes unis au sujet de la princesse.
En 2018, Latifa al-Maktoum annonçait dans une vidéo diffusée sur Youtube vouloir fuir son pays. Au bord des larmes, elle disait avoir été "torturée" et "emprisonnée pendant trois ans" par son père après une première tentative d'évasion, quand elle n'était qu'adolescente, en 2002. Cette vidéo avait été diffusée après l'échec de cette tentative, sur un voilier qui avait été arraisonné par la marine indienne. La princesse ne s'est depuis lors pas manifestée publiquement.
Dans les vidéos rendues publiques mardi, elle explique avoir été droguée sur le voilier et ne s'être réveillée qu'une fois de retour à Dubaï, où elle est retenue. Elle décrit comment elle s'est débattue et a tenté de frapper un homme assis sur son ventre mais qu'on lui a alors attaché les jambes. "Il a pris une seringue et m'a fait une injection dans le bras", raconte-t-elle, selon Sky News. A son arrivée à Dubaï à bord d'un jet privé, elle dit avoir été interrogée dans une prison avant d'être transférée dans une villa.
Le gouvernement à Dubaï a fini par rompre son silence sur cette affaire rocambolesque le 17 avril 2018, confirmant que la princesse avait été "ramenée" auprès de sa famille et qu'elle allait "bien". En mars 2020, la justice britannique avait statué que l'émir de Dubaï avait commandité l'enlèvement de deux de ses filles, Latifa ainsi que Shamsa.
A 18 ans seulement, cette dernière avait tenté de fuir son père en 2000 pendant qu'elle était en vacances en Angleterre. Selon le récit de Latifa, la jeune fille a été retrouvée après deux mois de fuite, "droguée", ramenée à Dubaï et "enfermée". La justice britannique s'était prononcée dans le cadre d'une procédure opposant l'émir de Dubaï à sa sixième épouse, la princesse Haya de Jordanie (épousée en 2004), la demi-soeur du roi Abdallah de Jordanie. Cette dernière avait créé la sensation en 2019 en s'enfuyant à Londres, emmenant leurs deux enfants.