L'émir de Dubaï, Mohammed ben Rached al-Maktoum (70 ans), a été jugé jeudi 5 mars 2020 par la justice britannique. Il a été reconnu coupable d'avoir commandité et orchestré l'enlèvement de deux de ses filles et "intimidé" l'une de ses épouses – la princesse Haya de Jordanie –, au point de la forcer à fuir pour le Royaume-Uni.
Le juge en charge de l'affaire a donc estimé que l'émir était bien coupable d'avoir mené l'enlèvement de ses filles Shamsa (18 ans) et Latifa (32 ans). La première avait tenté de fuir son père en 2000 alors qu'elle était en vacances en Angleterre avant d'être retrouvée après deux mois, "droguée", ramenée à Dubaï (par hélicoptère, puis par avion) et "enfermée", selon l'AFP. Un enlèvement qui s'était produit à Cambridge et avait été rendu possible grâce à "deux injections et à une poignée de comprimés".
La seconde avait annoncé, en 2018 dans une vidéo YouTube, vouloir elle aussi fuir son pays. Elle assurait avoir été "torturée" et "emprisonnée pendant trois ans" par son père après une première tentative d'évasion (à bord d'un voilier arraisonné par la marine indienne), alors qu'elle n'était qu'adolescente en 2002. Le gouvernement à Dubaï avait fini par confirmer que la princesse avait été "ramenée" auprès de sa famille et qu'elle allait "bien".
Le juge a aussi statué dans la guerre qui oppose Mohammed ben Rached al-Maktoum à son ex-femme Haya de Jordanie (demi-soeur du roi de Jordanie Abdallah II). Cette dernière, âgée de 45 ans et cavalière de niveau olympique, a gagné le Royaume-Uni à l'été 2019 avec leurs deux enfants de 8 et 12 ans. Le juge a estimé que l'émir avait "agi, à partir de fin 2018, d'une manière visant à l'intimider et à l'effrayer". De quoi justifier la présence de la princesse sur le territoire britannique. Elle réclame également au juge des Affaires familiales de la Haute Cour de justice de Londres à bénéficier d'une mesure de protection contre un mariage forcé qui pourrait concerner l'un des enfants du couple. Elle a aussi demandé une mesure de protection contre des brutalités et la garde de ses enfants.
De son côté, Mohammed ben Rached al-Maktoum avait saisi la Cour suprême pour réclamer la confidentialité de cette affaire, mais le tribunal a refusé d'examiner son recours. Il réclame, de son côté, le retour de ses enfants aux Émirats arabes unis.