L'année 2011 aura été relativement éprouvante pour la famille royale suédoise. Après une cuvée 2010 magnifiée par le mariage grandiose de la princesse héritière Victoria de Suède et de son avenant roturier de bien-aimé Daniel Westling, moment d'histoire qui avait requinqué la cote de popularité de la monarchie, les scandales ont pris le pas sur les célébrations et ont terni l'exercice de la Maison Bernadotte.
Une heure de vidéo pour une année royale riche en émotions
La reine Silvia et la princesse Victoria ne cachent pas combien les épreuves les ont meurtries en cette année 2011, dans un reportage complet au plus près de la famille royale proposé fin décembre par la chaîne SVT : "Une année avec la famille royale." Ce document exceptionnel offre, en une vidéo d'une heure, la quintessence de l'année écoulée, recueillant en toute intimité les témoignages des membres de la famille royale (le prince Carl Philip et la princesse Madeleine y compris) et retraçant des moments forts de l'année - réunions de famille, célébrations traditionnelles, retrouvailles du prince Daniel avec les siens à Ockelbo, etc. Un reportage immanquable à visionner sur svtplay.se.
Seule l'annonce, au mois d'août, de la naissance à venir du premier enfant du couple héritier - et premier petit-enfant du couple royal - attendue en mars 2012 est venue illuminer une année marquée par des scandales montés en épingle par la presse nationale. La reine Silvia, pas épargnée, et la princesse Victoria en cachent pas que ces estocades et intrusions ont pesé et ont fait de 2011 une année pénible : "C'est très douloureux lorsque vos parents se retrouvent ainsi à la une, d'une manière si brutale", déplore la princesse héritière de 34 ans dans un reportage consacré par la chaîne SVT à l'année de la famille royale. Et la future maman qu'elle est ne peut s'empêcher de s'inquiéter pour le bien-être de sa progéniture et l'intimité de son ménage, constatant que l'appétit des médias est de nos jours beaucoup plus "intense" qu'il ne l'était lorsqu'elle-même était enfant. "C'est terriblement blessant. Dans une telle situation, vous êtes totalement impuissant", déplore pour sa part la reine Silvia, reprochant aux médias leur manque d'intégrité. On imagine ce qu'il a dû en coûter à cette femme, d'ordinaire réfractaire à s'exprimer dans la presse, de monter au créneau pour défendre la vie privée de sa famille : "Certains disent "Pourquoi ne démentez-vous pas ?". Oui, mais on ne peut pas passer toutes ses journées à faire des démentis. C'est dur. Cela dépend des articles, si tant est qu'on puisse les appeler ainsi, du niveau auquel ils se placent. Dois-je m'abaisser à leur niveau ?", s'offusque-t-elle. De mauvais gré, elle a tout de même récemment démenti des rumeurs de dépression nerveuse : "Ils ont écrit dernièrement que j'étais près de craquer ; bientôt, je serai déprimée, puis j'aurai des pensées suicidaires, je me taperai la tête contre les murs et ainsi de suite. Je vois ces gros titres."
Si Victoria a été à l'abri en 2011, jouissant lors de ses déplacements d'une popularité inconditionnelle ainsi que de l'accueil fervent réservé par ses futurs sujets à son mari le prince Daniel, et que même le prince Carl Philip a à peu près eu la paix (sa love story qui fâche avec la sulfureuse Sofia Hellqvist, potentielle future princesse), leur père, le roi Carl XVI Gustaf de Suède, a été en première ligne.
Petit rappel...
Après les semonces liées jadis à sa dyslexie soupçonnée et finalement avouée en 1997 par sa femme la reine Silvia, c'est son passé supposément inavouable qui a fait les choux gras de la presse, suite à la parution d'une autobiographie non autorisée publiée fin 2010 - Roi malgré lui. Il y était largement question de parties fines, de liaisons extra-conjugales ("c'était filles à la carte pour la bande du roi"), visites régulières dans des clubs de strip-tease douteux tenus par des mafieux et au péril de sa propre sécurité... 14 pages de l'ouvrage, déplaisant pour l'intéressé mais qu'il n'a ni démenti, ni attaqué en justice, se concentraient sur la liaison qu'il entretint (un secret de polichinelle) à la fin des années 1990 avec Camilla Henemark, sublime chanteuse nigériano-suédoise du groupe à succès Army of Lovers, qui craignait de devenir la femme la plus haïe du pays en cas de révélation publique de leur liaison, dont la reine Silvia avait, elle, connaissance. L'ouvrage donnait la parole à plusieurs femmes ayant prétenduement eu des relations sexuelles avec le monarque, parfois à plusieurs, que des agents auraient visitées pour récupérer chez certaines d'entre elles des "documents" compromettants (photos).
Et tandis que le capital confiance du monarque fondait comme neige au soleil (59% de sujets pour l'abdication, 73% accordant leur confiance à sa fille Victoria) et que la classe politique s'indignait, une "enquête" de la chaîne TV4 aggravait son cas : Mille Markovic, le parrain "star" du pays, qui a notamment trempé dans le porno et le chantage (condamné en 1995 pour tentative d'extorsion de fonds sur des célébrités dont l'ex-tennisman Björn Borg), y dévoilait des photos du roi dans un club de strip-tease de Stockholm lui appartenant, admirant en compagnie d'amis des performances lesbiennes... "J'ai gardé les négatifs pour les publier au bon moment et me protéger", claironnait le truand, assurant que l'entourage du roi avait tenté d'acheter son silence - version corroborée par des médias suédois produisant des enregistrements de conversations entre Mille Markovic et des proches du souverain tentant d'empêcher la diffusion des clichés accablants. Le service de presse du palais a eu du pain sur la planche pour endiguer l'épidémie...
Ce fut pire encore pour la reine Silvia, encore une fois obligée de jouer les pompiers de service et de s'exprimer publiquement pour prendre la défense de son époux et protéger sa famille quand elle-même était assaillie au regard du passé supposément collaborationniste de son défunt père William Sommerlath. Occupée à laisser le passé de son conjoint enfoui et à assurer que tout cela était derrière eux, il lui a également fallu diligenter une enquête indépendante sur les activités de son paternel, décriées de longue date par la presse scandinave, qui avait passé au crible le dossier de Silvia Sommerlath lorsque son histoire d'amour avec le futur roi de Suède était devenue publique. Et malgré les résultats de ces investigations, qui infirmaient les soupçons entretenus sur les agissements de son père avant même sa naissance, la reine Silvia n'avait pas bénéficié d'une amnistie totale, la controverse étant toujours alimentée par certains... Un traitement bien rude pour une personnalité irréprochable, très appréciée de ses sujets, et véritable mère courage pour les siens.
Et magré tout... "Gott nytt år !"