Au lendemain du terme de la visite historique de la reine Elizabeth II en République d'Irlande, frayeur finalement sans gravité juste de l'autre côté de la frontière : une petite bombe a explosé samedi 21 mai dans un établissement bancaire de Londonderry, en Irlande du Nord, ne faisant heureusement aucune victime dans le quartier très commerçant de Shipquay Street.
La monarque, elle, n'a pas été inquiétée lors de sa visite officielle de quatre jours : les menaces d'attentat avaient été déjouées avant son arrivée dans la matinée de mardi, mais cette nouvelle agitation rappelle que la vigilance est de mise, à quelques heures de la venue du président américain Barack Obama.
Tout juste la reine Elizabeth a-t-elle pu frémir lorsque, lors de sa visite des haras nationaux de Kildare, un cheval s'est cabré, sans doute très excité de rencontrer une si prestigieuse invitée, passionnée de chevaux de race, de surcroît.
Après avoir concentré le début de son séjour en Irlande sur des signaux forts cristallisant la réconciliation entre l'Irlande et la couronne d'Angleterre, notamment en déposant une couronne au Jardin du Souvenir à Dublin ou encore en commémorant le massacre du Bloody Sunday à Croke Park. La souveraine a également prononcé un discours mémorable entérinant le désir de réconciliation et d'amitié des deux nations, après des siècles de rapports de force qui ont laissé des traces.
Le reste de cette première visite d'un monarque anglais en un siècle (100 ans précisément après la visite de son aïeul George V, en 1911) a été largement consacré à des excursions touristiques auxquelles Elizabeth II et son époux le duc d'Edimbourg se sont adonnés avec entrain - notamment quand il s'est agi de visiter la brasserie Guinness !
Vendredi, au quatrième jour de ces retrouvailles acclamées, la reine et le prince Philip se sont notamment rendus au Rocher de Cashel, un des hauts lieux touristiques et historiques d'Irlande. Site fascinant d'un point d vue archéologique, dominé notamment par la tour ronde de l'an 1100, la chapelle du roi Cormac ou encore la cathédrale Saint-Pierre-du-Rocher, le promontoire rocheux est célèbre pour avoir été le berceau du symbole national irlandais : le trèfle, que brandit Saint-Patrick lors d'un sermon fondateur. C'est là aussi, dans ce qui fut le fief des rois de Munster, qu'Henri II d'Angleterre contraignit les Irlandais à se soumettre à l'église catholique romaine. Autant dire que, à tous points de vue, la reine Elizabeth II ne pouvait passer à côté !
Dans la ville de Cork, la souveraine s'est, plus tard, adonnée à une promenade au marché, dans les halles de la ville, où sa bonne humeur a fait le plaisir des commerçants.
30 000 personnes étaient dans les rues de Cork, vendredi, pour voir et approcher la monarque avant qu'elle prenne l'avion, en fin de journée, mettant fin à ce chapitre important de l'histoire britannique contemporaine.
On retiendra surtout que, bon pied bon oeil, sans le moindre faux pas et avec une stabilité admirable pour ses presque 85 ans, la reine Elizabeth II a marqué les esprits, ouvert la voie d'un avenir fraternel, et exorcisé quelques démons.
G.J.