Les services de police furent en alerte lors de la visite du prince William et de Catherine Middleton, alors encore sa fiancée, à Belfast, à l'affût d'un coup des indépendantistes de l'IRA (mais les seuls engins qui sautèrent furent... les crêpes de la Chandeleur), et à nouveau sur les dents le 29 avril dernier lors du mariage du couple, redoutant attentats bien plus que débordements.
Ils ont également eu bien du travail pour préparer la venue historique de la reine Elizabeth II en République d'Irlande, première visite officielle en un siècle d'un monarque britannique en un siècle dans le sud du territoire insulaire.
Et si la souveraine est apparue, fidèle à elle-même et rompue à l'exercice, aussi à l'aise que pimpante, ayant d'ailleurs adopté avec beaucoup d'à propos le bleu Saint-Patrick en l'honneur de ses hôtes pour la robe qu'elle arborait sous son manteau émeraude (couleur nationale), ceux qui veillent à sa sécurité n'avaient pas chômé pour préparer son arrivée. L'AFP, citant un porte-parole de la police irlandaise (qui avait été prévenue par un appel anonyme), révélait mardi matin qu'un engin explosif de fabrication artisanale et "en état de fonctionnement" avait été désamorcé dans la nuit dans un autobus à Maynooth, dans la grande banlieue de Dublin, à quelques heures de l'arrivée d'Elizabeth II. Les forces de l'ordre irlandaises avaient reçu un second appel mardi matin, mais il s'agissait en revanche d'un canular.
Grâce à la vigilance des 8 000 policiers et 2 000 militaires, qui ont dû au total se pencher sur une dizaine d'alertes à la bombe, Elizabeth II, 85 ans, a donc pu, dans les meilleures conditions, entamer mardi en fin de matinée sa visite de quatre jours avec son époux le duc d'Edimbourg, 89 ans, et ainsi sceller les retrouvailles du royaume avec son ancienne colonie devenue indépendante en 1922, 100 ans précisément après la visite de son aïeul George V.
Le déplacement de la monarque, reçue par la présidente Mary MacAleese treize ans après la signature de la paix en Irlande du Nord en 1998, avait été annoncé par le palais de Buckingham au mois de mars, et jouit de l'approbation d'une écrasante majorité d'Irlandais (81%), qui y voient un signe fort de réconciliation et de volonté de faire table rase du passé, marqué par de violents conflits et une décolonisation épineuse. D'où un certain nombre de signaux forts figurant au programme du couple royal, comme le dépot mardi après-midi d'une gerbe au "Garden of Remembrance" (Jardin du souvenir) érigé en l'honneur des victimes de la guerre d'indépendance. Le lendemain, mercredi, elle doit commémorer le tristement célèbre Bloody Sunday de 1920, qui avait ensanglanté Croke Park, antre où aime entendre résonner de fiers chants de rugby, lorsque la police irlando-britannique avait tué 14 personnes. Le même jour, Elizabeth II honorera la mémoire des soldats irlandais trépassés lors de la Première Guerre mondiale sous l'uniforme britannique.