Plus de 23 000 : c'est le nombre d'autopsies qu'a pratiquées au cours de sa carrière le docteur Richard Shepherd, qui en cette rentrée publie ses mémoires outre-Manche : Unnatural Causes: The Life And Many Deaths Of Britain's Top Forensic Pathologist (Causes non naturelles : la vie et les nombreuses morts du médecin légiste star de Grande-Bretagne). Le grand public le connaît aussi en tant que protagoniste des épisodes britanniques de la série Netflix Autopsy, qui réexamine sous l'angle médico-légal les décès des célébrités, de Michael Jackson dans le premier épisode en janvier 2014 à Carrie Fisher dans le dernier en date, en ce mois de septembre 2018.
À l'occasion de la sortie de l'ouvrage retraçant sa carrière pour le moins atypique et sa perception de son métier, Richard Shepherd revient sur certains de ses souvenirs les plus marquants : meurtres, attentats, catastrophes, suicides, accidents, il y en a eu pléthore... Parmi les dossiers les plus médiatiques auxquels il a eu affaire, à l'image des attentats du 11 septembre 2001, il fut notamment chargé du réexamen de la dépouille de la princesse Diana, tuée dans un accident de voiture à Paris le 31 août 1997, dans le cadre de l'enquête officielle.
Si elle avait mis sa ceinture, elle s'en serait tirée avec un oeil au beurre noir ou un bras cassé
Frances Hardy, journaliste qui l'a rencontré pour le Daily Mail, s'interroge sur la fascination morbide qu'a pu exercer son activité sur son entourage. Le docteur Richard Shepherd prend alors l'exemple de cette seconde autopsie du corps de Lady Di : "Les gens me demandaient : 'Elle était belle ?', 'Elle était paisible ?', 'Elle était enceinte ?'. Je me suis toujours bien assuré de ne jamais rien dire, dans tous les dossiers d'intérêt public dans lesquels j'ai été impliqué, qui n'ait déjà été divulgué par la presse", relate-t-il.
Bien qu'il ouvre à présent ses archives personnelles pour ses mémoires, il ne va se parjurer pour autant : "D'un point de vue médical, il n'y avait aucune preuve que la princesse Diana était enceinte, mais il y a des femmes qui disent qu'elles se savent enceinte dès le moment de la conception. En faisait-elle partie ?" La question reste en suspens, mais l'expert se montre en revanche beaucoup plus tranchant sur les circonstances du drame survenu sous le pont de l'Alma : "J'aimerais pouvoir dire qu'elle serait morte de toute façon, mais la réalité, c'est que si elle avait mis sa ceinture de sécurité, elle aurait été là pour les mariages du prince William et du prince Harry, estime-t-il. Elle s'en serait tirée avec un oeil au beurre noir ou peut-être un bras cassé, mais rien de plus. Mais au lieu de cela, elle a été projetée vers l'avant avec le poids d'un éléphant et demi, et le corps humain n'est pas conçu pour résister à de telles forces."
L'hypothèse selon laquelle Lady Di était enceinte au moment de sa mort faisait partie en 2007 des points abordés par l'Opération Paget, nom de code de la vaste enquête ouverte en 2004 par la police métropolitaine de Londres afin d'étudier toutes les théories du complot, tenaces. La procédure avait abouti en 2008 à la conclusion par le jury que le décès de Diana, de son compagnon Dodi Al-Fayed et du chauffeur de leur Mercedes, Henri Paul, était purement accidentel et imputable à la "négligence", en état d'ébriété. Le verdict notait également le rôle de l'absence du port de ceinture des trois occupants de la voiture.