Mardi 12 avril, Marc-Olivier Fogiel a reçu dans son Divan l'acteur français Lambert Wilson. Passionnant et envoûtant comme à son habitude, celui qui aujourd'hui chante Yves Montand et double Baloo dans Le Livre de la Jungle s'est longuement épanché. Il est revenu sur sa carrière, bien entendu, mais aussi sur des sujets aussi divers que l'amour – il a notamment révélé avoir eu des relations "avec des femmes et des hommes" -, la foi, son narcissisme, mais aussi sa dépression, disant avoir réussi à éviter le pire en consultant. "Je ne serais pas vivant si je n'avais pas fait ce travail-là", raconte le comédien âgé de 57 ans, qui confie également avoir plusieurs fois pensé au suicide. Notamment lorsqu'adolescent, il ne supportait plus la violence entre ses deux parents, Nicole et l'illustre Georges Wilson.
Avec pudeur et sans filtre, le comédien a évoqué sa relation avec ce père, une "ombre protectrice" qui le fascinait autant qu'il pouvait rebuter. "J'ai trop parlé de mon père", regrette celui qui a voulu mettre les points sur les "i", qualifiant ce père de "doux, inventif mais très absent aussi". Pour mieux comprendre cette figure paternelle qu'a été Georges Wilson, Lambert est remonté très loin dans le passé, dans la jeunesse de son propre père. "Il a été élevé avec une mère qui, elle-même, vivait avec sa soeur. Ces deux femmes ont eu chacune un enfant. Et il y avait un monsieur dans les parages, qui lui aussi avait une famille, que mon père adorait parce qu'il venait lui apporter des cadeaux. Puis un jour, ce monsieur a disparu au moment de la mort de la mère de mon père (elle est morte quand Georges Wilson avait 11 ans). C'est un secret de famille que je révèle là, mais je trouve qu'il est assez bouleversant par rapport à sa propre histoire. Quand sa mère est morte, sa tante lui a dit que ce monsieur en question, c'était son papa, mais c'était aussi le papa de sa cousine, et donc sa demi-soeur", raconte-t-il. "En clair, cet homme a eu une relation avec les deux soeurs qui ont eu chacun un enfant à un jour d'intervalle."
Ma mère était le bon petit soldat
Ce qui fait donc de Georges Wilson un enfant bâtard. Cette histoire restera pour ce géant du théâtre un traumatisme que Lambert Wilson croit savoir lié à son comportement plus tard, à la fois envers ses enfants, qu'il n'a pas "désirés", et envers sa femme Nicole. "Il était brutal, non pas sur elle, mais il pouvait casser des choses", assure Lambert Wilson, qui a souffert de cette oppression, mais aussi du fait que Georges Wilson oscillait entre deux femmes. "De toute sa vie, il a tout le temps eu besoin de vivre avec deux femmes. Ma mère a eu à faire face à ça toute sa vie", croit savoir Lambert Wilson, pour qui son père "n'était pas un homme à femmes". "Je crois qu'il avait besoin d'une muse et d'une mère. Et elle [sa mère Nicole, NDLR] était sa mère, une servante, son chauffeur, son intendante, son bon petit soldat. Elle a dû faire face à des troupes de théâtre qui étaient au courant de ces situations-là, et ça a dû être très difficile pour elle". Une maman "brave et digne".
Face à Marc-Olivier Fogiel, l'acteur assure que son père était "injuste comme on est injuste avec les personnes dont on a le plus besoin". "Plus elle était fragile, plus il était brutal avec elle, comme lorsqu'elle est tombé malade, raconte-t-il. Il avait peur de la perdre, il voulait qu'elle reste le bon petit soldat."
Invité de cette nouvelle édition du Divan sur France 3, Lambert Wilson a attiré 330 000 spectateurs, soit 3,6 % de part de marché. Un score un peu faible, qui s'explique par le fait qu'un grand nombre de téléspectateurs ont enchaîné avec Rencontre en terre inconnue, suite du gros carton qu'a été Rendez-vous en terre inconnue présenté par Frédéric Lopez sur France 2.