Programmée pour gagner dès sa plus tendre enfance, Laure Manaudou portait comme un fardeau son image d'enfant gâtée et arrogante. Mais l'échec de Pékin a profondément changé la sirène préférée des Français. Un retour au premier plan ponctué par deux qualifications obtenues pour les Jeux olympiques de Londres lors des derniers championnats de France disputés à Dunkerque.
Et cette réussite, elle la doit à deux personnes. Sa fille Manon et son compagnon Frédérick Bousquet, comme elle le confie à Paris Match. "Fonder une famille m'a équilibrée. Je suis plus sereine. Je sais que Fred et Manon sont là quoi qu'il arrive", raconte-elle, ajoutant que les gens la perçoivent différemment, "plus humaine".
Ce changement, Laure Manaudou l'attribue à son départ pour les États-Unis et Auburn où elle a suivi Fred Bousquet après l'agitation provoquée par le drame de Pékin. "Là-bas, j'ai pu construire ma vie au lieu de la subir", explique-t-elle, précisant que la pression des médias, des sponsors et de son entourage était restée en France... Pour autant, la jeune femme de 25 ans ne regrette rien de son passé parfois tumultueux, sans lequel elle ne serait pas ce qu'elle est aujourd'hui : une jeune maman épanouie, double championne de France sur 100 et 200 mètres dos et qui défendra ses chances à Londres.
Une performance inédite après une grossesse et deux ans sans la moindre longueur qui ne furent pas sans douleurs : "J'ai souffert ! J'avais l'habitude de tout réussir facilement depuis toujours. A Athènes [lors des JO de 2004 où elle prend l'or sur 400 mètres, NDLR], je plongeais, je nageais, je gagnais ! L'équation était simple ! (...) Pendant des mois, j'ai pleuré dans mes lunettes à chaque séance." Il lui faudra perdre 20 kilos et retrouver un corps de sirène pour se mesurer aux meilleures. Heureusement, Laure Manaudou peut compter sur le soutien de Fred Bousquet, toujours présent au bord de la piscine et qui y laissera beaucoup d'énergie. Trop peut-être puisque, elle en est convaincue, elle est la cause de la non-qualification de son homme aux prochains Jeux olympiques. "Un sentiment de culpabilité" la ronge, elle qui aurait tant aimé participer aux JO avec son compagnon et son jeune frère Florent, lui aussi qualifié pour les olympiades de Londres.
Désormais, la vie de Laure Manaudou ne tourne plus autour de la natation. "Elle est une composante de ma vie", avance-t-elle ainsi, apaisée. Une sérénité qui pourrait bien la pousser à décrocher une nouvelle médaille olympique cet été du côté de Londres...
Un entretien à retrouver dans Paris Match demain jeudi 12 avril dans les kiosques