Laure Manaudou a décidé de tourner la page.
Depuis ses échecs durant les olympiades de Pékin en 2008, la belle sirène a quitté son costume de jeune championne hautaine, inabordable et capricieuse pour celui de maman épanouie et heureuse de nager, tout simplement...
Ce changement passe par une image nouvelle, plus naturelle et plus familiale. Et pour ce faire, Laure Manaudou a rejoint son compagnon Frédérick Bousquet dans le giron communicationnel de Jean-François Salessy... Le couple, parents d'une petite Manon, s'est installé à Auburn en Alabama pour reprendre la compétition avec en ligne de mire les Jeux Olympiques de Londres.
Le choix des Etats-Unis
Et les deux tourtereaux ont exceptionnellement accueilli dans leur petit monde des journalistes du Parisien, qui ont recueilli les confidences des deux nageurs dans cette ville élue "ville idéale pour prendre sa retraite". "C'est justement parce que c'est un trou que j'y suis venue. C'est calme, personne ne me connait", confie Laure Manaudou, qui pose un regard désabusé sur la France : "Même si les gens sont gentils en France, je me sens oppressée quand on me reconnait." Une impression confirmée par son compagnon Frédérick Bousquet : "A Marseille, je réponds oui à tout quand on me demande quelque chose et, du coup, ça fait des journées continues. On termine la semaine sur les rotules... ou on ne la termine pas. A Auburn, au moins, il n'y a rien à faire."
Les deux nageurs peuvent donc se concentrer sur la natation, passer du temps en famille et profiter de la vie, à l'américaine bien évidemment, sans pour autant être dérangés. Une décision justifiée à leurs yeux, poursuit Laure Manaudou : "C'est vraiment le fait de ne pas être en France. Ce n'est pas que je n'aime pas la France, mais ici, je me sens mieux dans ma tête. Il manque juste le soleil et la mer..." A l'image du champion australien Ian Thorpe qui a préféré s'exiler en Suisse, les deux Tricolores cherchaient avant tout à être au calme et éviter l'effervescence médiatique et des situations cocasses, comme cette fois où Laure Manaudou avait dû quitter le Cercle des Nageurs Marseillais dans un coffre de voiture...
Du côté d'Auburn, la vie se déroule donc à l'américaine. "On fait plein de trucs qu'on ne fait pas en France. Par exemple, on a fêté un Halloween typique de petite ville américaine (...) On était tous là, déguisés, et c'était génial", raconte Frédérick Bousquet. Sa compagne abonde en ce sens : "Je peux aussi aller me balader avec ma fille au parc, promener le chien Canelle. Ici, il y a moins de monde, et je ne me sens pas épié. Je suis plus heureuse en faisant ma vie comme je la veux."
La pression française
Le couple ne semble absolument pas regretter Marseille, comme l'illustre cet échange sur leur quotidien dans la cité phocéenne. "Les gens sont tellement peu discrets que ça me gêne un peu" commente Laure Manaudou. "Sans cesse, on est dehors, on marche, il y a des gens qui sont derrière et on entend : 'c'est elle.' 'Mais non, c'est pas elle.' 'Mais je te dis que oui...' Au bout d'un moment, ils vont nous doubler, s'arrêter, nous regarder passer... " poursuit Fred Bousquet, coupé par Laure Manaudou : "... Et ils vont dire 'Tu vois, c'était elle.' Quand je suis avec quelqu'un, c'est plus facile de le prendre à la rigolade. Mais seule, ce n'est pas marrant."
Et visiblement, le couple n'est pas impatient de revenir sur le sol français. "Le fait de se retrouver dans l'avion et d'entendre les gens parler français, je me dis : 'Ca y est, c'est parti, ça va être de la folie.' Mais je suis plus dans le raisonnement américain de ne pas le prendre au sérieux. Ce n'est qu'un jeu", dixit Laure Manaudou. "Ici, ils ont quand même compris la vraie vie. Ils sont relax", dixit le champion.
Pourtant, l'avenir semble tout de même s'écrire en France à en croire les deux nageurs, prêts à revenir définitivement dans l'Hexagone pour le bien de la petite Manon, même si la championne olympique à Athènes en 2004 reconnait qu'il "est plus facile d'élever [sa] fille aux Etats-Unis". En espérant cette cette fois-ci que l'hystérie médiatique les laisse vivre en paix...