A 52 jours de l'Euro 2012 qui se disputera en Ukraine et en Pologne, l'encadrement de l'équipe de France prépare dans la coulisse son expédition dans l'est européen. Au coeur du système, son sélectionneur Laurent Blanc, dont l'avenir semble plus qu'incertain. La faute à un imbroglio avec le patron de la Fédération française de foot, Noël Le Graët. Celui-ci souhaite prolonger le contrat du sélectionneur après la compétition, alors que Laurent Blanc aimerait être fixé avant la compétition afin de ne pas se retrouver marron. Et devant l'impasse, l'ancien joueur de Manchester United et de l'Inter de Milan pourrait bien partir vers d'autres cieux, comme il le confie au quotidien Le Parisien.
"Mon intention est de continuer avec l'équipe de France. Je n'ai pas changé d'avis. Mais la situation est que je n'ai pas été prolongé en sélection. Et je ne suis pas le style de mec ou d'entraîneur qui tape à la porte. C'est clair, net et précis", confie-t-il ainsi dans un entretien fleuve. D'autant que Laurent Blanc ne manque pas de propositions, et notamment de Chelsea et de l'Inter de Milan, deux poids lourds européens en pleine reconstruction, très intéressés par le profil de l'ex-défenseur tricolore et qui lui proposent des salaires mirobolants.
"C'est toujours gratifiant d'être apprécié par des grands clubs. (...) Je dis ceci, non pas pour mettre la pression, mais parce que je le pense : j'entends souvent dire que c'est le patron qui décide de prolonger ou non un joueur ou un entraîneur en fin de contrat. Je suis d'accord, mais on oublie que le salarié peut décider aussi", ajoute-t-il. Pourtant, Noël Le Graët n'avait pas hésité à proposer une prolongation initiale en septembre dernier, alors même que la qualification à l'Euro n'était pas acquise. Une proposition refusée par le principal intéressé "parce [qu'il n'avait] pas atteint l'objectif". Alors ce refus de le prolonger aujourd'hui n'est pas pour étonner le Gardois.
Outre les banalités d'usage sur la sélection - reconstruction, façon de travailler, objectif de l'Euro -, Laurent Blanc revient également sur la prochaine élection présidentielle. Homme de convictions, il n'hésite pas à brocarder les joueurs qui ne raisonnent qu'en termes d'argent : "Je vote par rapport à des convictions. Si on vote avec son portefeuille, on oublie tout, puisque seul l'argent compte. Contrairement à ce que certains pensent, je ne fonctionne pas qu'avec l'argent. J'aime l'argent comme tout le monde, mais ce n'est pas le fil conducteur de ma vie."
Des valeurs transmises par ses parents et que Laurent Blanc s'évertue à transmettre à ses enfants. "[Mes parents] avaient le minimum et ils nous ont surtout donné de l'amour, de l'affection et les bases d'une éducation très stricte. Des bases qui sont encore très importantes aujourd'hui et que j'essaie de transmettre à mes enfants. On avait l'essentiel, mais le superficiel n'existait pas", précise ce fils d'un père communiste syndiqué à la CGT, un père "généreux comme ce n'est pas possible". Dès lors, ses valeurs sont-elles compatibles avec son opération controversée avec le Crédit Agricole qui lui rapporte 225 000 euros ? Oui, si l'on en croit le champion du monde 98 : "Le projet m'intéressait : vanter le foot amateur. Cela correspond aux valeurs que mon père m'a inculquées. Si on ne m'avait proposé que de vanter cette entreprise sans projet derrière, j'aurais refusé."
Laurent Blanc, homme de convictions et futur ex-entraîneur des Bleus ? Un entretien à retrouver dans Le Parisien/Aujourd'hui en France du jour.