Le 25 juin dernier, Laurent Bourgnon disparaissait suite à une plongée sous-marine dans les Tuamotu. Malgré des recherches intensives, son corps n'a pas été retrouvé. Devant l'évidence, ses proches se sont résignés face à la fatalité. Ces derniers jours, des hommages ont été organisés en Polynésie Française pour saluer la mémoire de l'un des plus grands navigateurs.
Le 10 juillet, au large de la petite île de Raiatea, appartenant aux îles Sous-le-Vent dans l'archipel de la Société, se tenait une première cérémonie pour saluer la mémoire de Laurent Bourgnon. Le navigateur et explorateur y avait vécu cinq années avec son épouse Caroline et leurs quatre enfants, Jules (22 ans), Justine (18 ans), Basile et Lou (10 ans). Rendez-vous avait été donné à 15h30 à la marina Apoiiti, avant que la flottille ne prenne la mer pour se retrouver et jeter des fleurs à la mer, puis observer une minute se silence.
Amis, proches et habitants de l'île se sont ainsi regrouper sur la passe de Téavapiti, où Laurent Bourgnon aimait tant plonger, comme se souvient sa compagne Caroline. "Je sais qu'il allait souvent dans cette passe avec les enfants, donc je pense qu'il aurait aimé que l'on fasse ça dans cette passe", confie-t-elle, la voix tremblante face aux nombreux témoignages de proches et inconnus. "Beaucoup de douleur, beaucoup de tristesse, parce que malheureusement il nous laisse un peu seul, il nous a quittés trop vite. Mais maintenant, on va continuer avec mes enfants et pour lui", poursuit Caroline.
Il va rester ici, je vous le laisse, prenez-en soin
Deux jours plus tard, c'est dans la baie de Matavai à Thaiti, où la famille avait élu domicile, qu'un nouvel hommage était rendu au navigateur, rapporte l'AFP. "Il va rester ici, je vous le laisse, prenez-en soin", confiait Caroline Bourgnon à cette occasion. Comme à Raiatea, une quinzaine d'embarcations ont formé un cercle avant de disperser des fleurs dans cette baie où James Cook avait débarqué le 3 juin 1769.
Comme un symbole, le voilier sur lequel il avait fait son premier tour du monde, en compagnie de ses parents et son frère Yvan, qui lui a adressé un émouvant message sur son compte Facebook, était présent. François Rigaud, professeur à la retraite et acheteur en 1982 du Peemorpen rebaptisé Captain Rhum veut se souvenir de "sa gentillesse" : "Laurent était toujours prêt à aider les autres."
"Il y a des gens qui viennent ici pour prendre, lui il donnait. Et on nous l'a pris...", a raconté avec tristesse à l'AFP Stéphanie Betz, co-organisatrice de la Tahiti Pearl Regatta, dont "Laurent était le parrain depuis deux ans, partageant son nom et sa renommée". Outre cette course, il distillait ses conseils au Yacht Club où son fils Basile pratiquait le Hobby Cat. Il s'était également investi dans la Saga, une initiative envers les enfants défavorisés ou handicapés leur permettant de faire de la voile durant l'été.
Son épouse Caroline, après avoir assisté à ce dernier hommage en Polynésie française, rentrera en France vendredi prochain avec ses enfants "pour avancer ensemble" : "C'est trop dur, on avait encore plein de projets, plein de choses à vivre : on devait s'installer en Nouvelle-Zélande en septembre et continuer notre tour du monde puis aller en Asie (...) Évidemment les projets changent.... Je ne me sens pas de rester ici. Je pense qu'on reviendra un jour, qu'on ira à Toau mais pour l'instant on a besoin d'être en famille, de se retrouver et d'aller voir les parents de Laurent." Et assister à une ultime cérémonie le 25 juillet prochain sur la plage d'Agon-Coutainville (Manche), le village de Normandie de Caroline où le couple s'était rencontré.