L'émission Midi en France de Laurent Boyer frôle l'accident industriel : 110 000 euros dépensés chaque jour pour une émission qui n'attire pas beaucoup de téléspectateurs. Pierre Sled, directeur des programmes de France 3, avait débauché Laurent Boyer pour cette émission mettant en valeur les charmes régionaux mais... le résultat n'est toujours pas là.
Audience médiocre mais émission soutenue par France 3 !
La première partie (de 10h40 à 11h30) peine à rassembler en moyenne 300 000 téléspectateurs pour 5,5% de PDM quand la deuxième partie (13h00 à 13h45) flirte en moyenne avec les 500 000 téléspectateurs, pour 3,5% de PDM. La faute à Boyer et ses chroniqueurs ? Pas vraiment d'après Laurent Boyer qui explique sur tvmag.com : "Nous avons repris une tranche sinistrée à laquelle il faut redonner vie. Cela ne se fait pas en quelques mois". C'est vrai.
Une vision avec laquelle la direction est d'accord puisqu'officieusement, la règle chez France Télévisions est que toutes les émissions sont testées un mois : si son audience augmente même faiblement, elle reste à l'antenne. Si son audience stagne ou régresse, son concept est revu lors d'un brainstorming pour être potentiellement reprogrammé ensuite. Tout aussi officieusement, nous apprenons que Boyer doit idéalement atteindre les 5 % de part d'audience : "J'ai bon espoir d'atteindre les 5 % de PDA d'ici cet été et je me donne deux ans pour approcher les 10%. Le études qualitatives font état d'un regain d'intérêt pour l'émission et nous avons une remontée positive des internautes".
L'"intérêt" est surtout pour la presse régionale puisque les sujets pleuvent pour les journalistes. Et surtout pour les villes, prêtes à largement investir sur ce programme...
Les villes prêtes à donnes de l'argent supplémentaire à l'émission !
Le coût d'une émission avait été estimée à 110 000 euros et jugée trop cher... ce que conteste le producteur Stéphane Gateau (de R&G) accessoirement mari de Virginie Guilhaume : 110 000 euros, oui. Trop cher, non. "Nous sommes dans la norme" explique-t-il au site TVmag.
Il précise l'origine de ces fonds : "Nous percevons chaque jour 50 000 euros pour concevoir, avec une équipe de trente personne dont quatorze chroniqueurs, qui produit six sujets quotidiens. Le complément est apporté par France 3 [pour un montant de 60 000 euros, NDLR] mais pas sous forme de numéraire, mais en apports de personnel ou en industrie".
50 000 + 60 000 = 110 000 euros. Le compte est bon. Enfin... pas tout à fait puisque le site de Sud Ouest révèle que la ville de Pau, dans laquelle l'émission est tournée cette semaine, a donné 50 000 euros supplémentaires grâce à une subvention destinée aux frais d'hôtellerie et à la location du chapiteau, sur la célèbre place Royale ! Sortons les calculatrices : 50 000 euros en plus pour la semaine ce qui ramène à 10 000 euros par jour... l'émission coûte donc 120 000 euros/jour actuellement. Une ville prête à donner de l'argent pour bénéficier d'une exposition médiatique, au final assez moyenne (vu l'audience) ? De quoi rassurer les producteurs de Midi en France de continuer les visites régionales et les débats autour de "la table en forme de slip de Robocop" (dixit Libération).
Les villes (Pau n'est peut-être pas la seule à financer) tiennent donc à cette émission...
En revanche, ce n'est visiblement pas le cas des téléspectateurs qui boudent le programme qu'ils payent. Rappelons en effet que France 3 vit grâce à la redevance que l'on paye tous. Et dire qu'elle passe à 123 euros cette année...
Midi en France tacle subtilement Midi Première
Peu d'audience, trop d'argent et également manque d'originalité d'après Danièle Gilbert qui a estimé que ce Midi en France était moins inspiré que son émission Midi Première qui cartonnait sur TF1 à la fin des années 70 ("A la télé maintenant, c'est un animateur et des chroniqueurs... c'est facile !"). Si les principes des émissions sont assez similaires, les ressemblances s'arrêtent là : "Danièle Gilbert animait une émission hebdomadaire en accueillant un homme politique local et des vedettes de la chanson [...]. Elle faisait de la chansonnette !" déclare Stéphane Gateau. "Nous sommes à des années-lumière de Danièle Gilbert ! Nous parlons culture et nous allons à la découverte des régions et de leur passé" ajoute l'animateur Boyer.
Boyer semble entrevoir un avenir radieux pour son émission. Ah ! Si seulement les téléspectateurs étaient d'accord avec lui...