Il a glissé juste avant la ligne d'arrivée. Dimanche 2 novembre, dans son journal télévisé sur France 2, le très lyrique Laurent Delahousse recevait la trop rare Marlène Jobert venue présenter son autobiographie, Les baisers du soleil, attendue le 6 novembre chez Plon. Après une interview impeccable, rythmée de ses relances (comme suspendues dans l'air) dont il a le secret, d'images d'archives et d'échanges de regards complices, Laurent Delahousse a terminé cet entretien par une question improbable. Une bévue, une ânerie, une boulette... à vous de voir. Il a demandé à son invitée si elle était toujours "sorcière, guérisseuse comme on dit". Interloquée, Marlène Jobert lui répond que "non", puis lui sauve la mise d'un rire léger. Nobody's perfect, pas même Laurent...
"Des tâches de rousseur, un regard et une voix qui ont marqué le cinéma. Elle a joué avec Belmondo, Ventura, Montand... A attiré les caméras de Lelouch, Pialat, Audiard ou Chabrol. Elle a été une star du grand écran et puis elle a décidé de tourner la page pour en écrire d'autres, des livres pour enfants, avec à la clé plus de 15 millions de livres vendus. Bonsoir Marlène Jobert..." Laurent Delahousse sait comment présenter ses invités. Celui qui produit et anime Un jour, un destin aime s'entretenir avec des personnalités au parcours étonnant. Marlène Jobert ne pouvait que lui plaire. Elle présentait sa biographie : "Depuis plusieurs années, la famille, mes amis et des éditeurs ont essayé de me convaincre. Et puis, je me cachais derrière le fait que je trouvais ça un peu nombriliste, un peu pompeux et que ça sentait l'enterrement... Et, comme des vannes qui auraient été trop longtemps retenues, tout est arrivé spontanément."
Avec Laurent Delahousse, Marlène Jobert revient surtout sur sa carrière d'actrice puis sur sa décision d'arrêter le cinéma pour se consacrer à ses jumelles, Joy et Eva Green (oui, la sublime Eva de Casino Royale, Penny Dreadful et White Bird). Et depuis 20 ans, Marlène Jobert écrit des livres pour enfants et s'est imposée comme un poids lourd de l'édition. Mais comme si cette nouvelle carrière ne suffisait pas, Laurent Delahousse lui demande juste avant de finir l'interview :
"Vous êtes toujours sorcière ? Guérisseuse, on dit ?" Le regard de Marlène Jobert trahit sa surprise. Elle répond une première fois non.
"Non ?, lui rétorque le journaliste. On m'avait dit ça un jour."
"Mais non, pas du tout !", insiste Marlène qui rit alors et permet à Laurent Delahousse de rendre l'antenne sans trop se sentir seul.
Jusqu'à cette improbable question, il avait eu tout bon Laurent Delouhousse, notamment lorsqu'il a évoqué les jumelles de Marlène Jobert, née le 6 juillet 1980, de son mariage avec le dentiste Walter Green. C'est pour elles que l'actrice a mis fin à sa carrière : "C'était un déchirement à chaque fois que je les quittais et je ne faisais pas vraiment ce que je voulais dans le métier en tant qu'actrice. Et, c'est vrai que d'écrire à la maison, ça me permettait de ne pas louper leur petite enfance." Méfiante et surtout très au fait de la dureté du cinéma, Marlène Jobert était pour le moins surprise lorsqu'Eva, qui a débuté au théâtre avant d'exploser au cinéma dans Innocents : The Dreamers de Bernardo Bertolucci (en 2003), lui a fait part de son désir de jouer la comédie : "On ne pas dire que j'ai reçu sa décision avec beaucoup de d'enthousiasme, reconnaît Marlène Jobert. Je la trouvais timide, introvertie, pas du tout faite pour ce métier et j'ai découvert une jeune fille absolument équilibrée, solide, moins fragile que je ne l'imaginais." Et c'est aussi pour Eva et Joy que Marlène publie sa biographie : "Quand j'ai réalisé que mes filles ne savaient pas grande chose de mes 20 ans de carrière d'actrice et presque rien de mon enfance, je trouvais ça un peu dommage."
Les baisers du soleil, de Marlène Jobert chez Plon, le 6 novembre.
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