La pression s'accentue autour du prince Laurent de Belgique, et les sanctions commencent à tomber. Pour ses frasques répétées, qui humilient le gouvernement national et mettent dans l'embarras les siens, son père le roi Albert II le premier, le mouton noir de la famille royale belge est purement et simplement exclu des célébrations de la Fête nationale du pays jeudi 21 juillet.
Il ne s'agit pas de la seule mesure de rétorsion prise à son égard, mais certainement de la plus symbolique : la réunion annuelle des royaux est à chaque fois un véritable jubilé, pour les sujets comme pour eux, et un rendez-vous à ne pas manquer, comme l'opiniâtreté de la reine Fabiola à y participer malgré les menaces de mort répétées à son encontre en témoigne. Autant dire que l'exclusion d'un membre qui est par nature un potentiel héritier au trône n'est pas un acte mineur...
Le prince Laurent de Belgique entraîne dans sa mise au ban son épouse la princesse Claire : le couple est radié de toute cérémonie officielle impliquant la famille royale, notamment le traditionnel Te Deum matinal en la cathédral Saint-Michel et Sainte-Gudule de Bruxelles. L'opprobre continue donc de rejaillir sur la princesse Claire, qui était montée au créneau pour défendre son mari et le père de ses deux enfants (la princesse Louise, 7 ans, et les prince Nicolas et Aymeric, 5 ans) après son gadin monégasque... Le prince s'était malheureusement encore fait remarquer au mariage du prince Albert et de la princesse Charlene à Monaco le 2 juillet dernier en chutant lourdement sur le tapis rouge du Palais princier, mais ce n'était que "la faute à pas de chance", à en croire sa loyale épouse, qui expliquait le lendemain : "C'est simplement à cause d'une voiture qui est passée pas loin de lui et a roulé sur une planche. Cela a provoqué un effet contrepoids qui a fait chuter mon mari." Coup du sort ou pas, c'est la déchéance actuelle du prince illustrée...
Les médias belges notent également que le nom du prince Laurent, benjamin (heureusement...) des trois enfants du couple royal, a disparu des tablettes de l'agenda royal. Une éviction qui fait vraisemblablement suite au tollé de sa visite en République démocratique du Congo, en mars, sans l'aval de la famille royale ni du gouvernement. Le roi n'avait pas caché son mécontentement et le gouvernement démissionnaire d'Yves Leterme s'était insurgé, urgeant de délimiter un modus vivendi permettant d'encadrer étroitement les activités du prince, qui n'était depuis plus apparu en représentation officielle. Le Palais Royal, pour tenter d'étouffer la polémique (la Belgique se refuse autant que possible à toute ingérence dans les affaires politiques de son ancienne colonie, avec laquelle les rapports sont sensibles), s'était même fendu d'un communiqué malaisé arguant d'un prétexte scientifique : "Le prince Laurent a effectué un déplacement en RDC à titre privé dans le cadre de son intérêt pour le développement durable. Ce déplacement n'a pas été concerté préalablement avec le gouvernement fédéral ni avec le Palais." Une expédition scientifique au programme de laquelle était tout de même inscrit un entretien avec le président Joseph Kabila, dont certains dignitaires du régime auraient en partie financé la venue du Belge...
Il ne s'agissait pas d'un fait isolé, mais plutôt de la goutte d'eau propre à faire déborder le vase, s'ajoutant à des frasques multiples, telles que : relations avec des représentants libyens à l'insu des Affaires étrangères, infractions routières, suspicions de fraude, caprices de diva et agressions à bord des avions...
Rendez-vous dans quelques heures avec le roi Albert, la reine Paola, le prince héritier Philippe, sa femme la princesse Mathilde, ainsi que la princesse Astrid et son époux le prince Lorenz (qui représentaient la famille aux récentes funérailles de l'archiduc Otto de Habsbourg-Lorraine), mais sans le prince Laurent. A noter que, pour la seconde année consécutive, le roi Albert n'octroiera aucun titre nobiliaire, en réaction à l'impasse politique dans laquelle se trouve son pays (par ailleurs gravement endetté), en panne de gouvernement depuis mi-2010.
G.J.