Star au sommet, Brigitte Bardot est, en 1960, l'héroïne de La Vérité de Henri-Georges Clouzot. Un film qui marque un tournant dans le parcours de la comédienne mais le tournage restera, lui, une épreuve. Dans son livre Initiales B.B., elle raconte sa relation houleuse avec le réalisateur des Diaboliques : "Il me voulait à lui tout seul et régnait sur moi en maître absolu." Elle reçoit une gifle de sa part lorsqu'il veut qu'elle pleure et qu'elle n'y arrive pas, c'est alors qu'elle lui retourne son geste : "Il était hébété ! Jamais on ne lui avait fait ça ! Hors de lui, mortifié, humilié devant témoins, il m'écrasa les pieds avec les talons de ses chaussures. J'étais pieds nus, je poussai un hurlement et me mis à pleurer de douleur. Il demanda instantanément le 'moteur' profitant de ces larmes bienvenues pour tourner la scène. Mais boitillante et claudicante, je quittais le plateau telle une reine offensée et réintégrais ma loge." Il avait également remplacé, pour la scène du suicide, l'aspirine qu'elle devait prendre par de puissants somnifères : "Mais la scène était réaliste et on ne peut plus vraie."
Tippi Hedren malmenée par Alfred Hitchcock sur le tournage des Oiseaux (1963), l'histoire est devenue légendaire, à tel point que cela a donné un téléfilm, The Girl, avec Sienna Miller dans le rôle de l'actrice. Tippi Hedren, dont Hitchcock faisait ce qu'il voulait, ne sortira pas indemne du tournage, comme le rappelle Le Figaro, en raison des conditions dantesques du tournage et notamment des scènes d'attaque d'oiseaux dans la chambre. L'emploi d'oiseaux mécaniques, envisagé au départ, s'étant révélé impossible, l'actrice dut subir durant cinq jours les assauts d'oiseaux vivants jetés sur elle par des assistants sur le plateau. Complètement épuisée et psychologiquement atteinte, elle a été hospitalisée et remplacée par une doublure pour les quelques plans manquants. Malgré ces déboires, le succès phénoménal du long-métrage l'aura catapultée sur le devant de la scène internationale, faisant d'elle l'ultime blonde hitchcockienne...
En 1974 sort Chinatown, film noir de Roman Polanski avec Jack Nicholson et Faye Dunaway. L'actrice écrira dans ses mémoires, Looking For Gatsby, que le réalisateur était autocrate et dictatorial de bien des façons. Selon l'auteur Peter Biskind (Easy Riders Raging Bulls), lorsqu'elle lui a demandé des conseils sur les motivations de son personnage, Polanski a répondu : "Dis les putains de mots. Ton salaire est ta motivation." La relation n'ira pas en s'améliorant durant le tournage. Toujours selon le livre de Biskind, Faye Dunaway avait, pendant une scène envie d'aller aux toilettes et demande l'autorisation de sortir plus d'une fois. Mais le cinéaste refuse de la laisser partir. Jusqu'à ce qu'elle lui jette dessus un gobelet empli d'un liquide : "Mais c'est de la pisse !" hurle le réalisateur.
En 1975, Romy Schneider tourne sous la direction d'Andrzej Zulawski dans L'Important c'est d'aimer. Son visage en larmes pour les besoins du film marquera le cinéma, elle qui jouait une comédienne condamnée à faire des films pornos pour survivre. Un rôle qui lui vaut un César, mais travailler avec Zulawski n'était pas de tout repos : "C'est un dracula de la direction d'acteur. Il travaille au scalpel, il vous ouvre les tripes pour que vous passiez la ligne rouge. Avec lui, on travaille dans un état second, on sort du plateau lessivé, mort", raconte Francis Huster, son acteur dans La Femme publique.
Tourner avec Stanley Kubrick, en voilà une chance. Mais pour l'actrice Shelley Duvall, héroïne de Shining en 1980, le tournage a été éprouvant. Découverte par le réalisateur Robert Altman, la comédienne était habituée à improviser, ce qui n'allait guère avec la méthode perfectionniste de Kubrick. L'histoire veut qu'il a fait 127 prises d'une de ses scènes ! Le stress du tournage a fini par rendre malade Duvall et elle affirmera que le film lui a fait perdre beaucoup de ses cheveux.
Feu Maria Schneider joue dans Le Dernier Tango à Paris (1972) de Bernardo Bertolucci. Son rôle dans ce long métrage, contant la passion torride entre une jeune fille et un veuf américain de passage à Paris, la transforme en icône. Toutefois, cette performance la traumatise, notamment la fameuse scène du beurre. Selon elle, ni Brando, ni le metteur en scène ne l'avaient prévenue de l'usage du beurre, destinée à faciliter une scène de sodomie : "J'étais jeune, innocente, je ne comprenais pas ce que je faisais. Aujourd'hui, je refuserais. Tout ce tapage autour de moi m'a déboussolée", a-t-elle déclaré dix ans plus tard. En 2001, elle avait confié à Libération lors du Festival du film de Femmes à Créteil, trouver le Tango "daté" et d'une "provocation malhabile". De plus, elle avait dit que Marlon Brando avait réalisé une large partie de la mise en cène, dictant à un Bertolucci soumis ce qu'il devait faire. Néanmoins, elle a admis que ce film lui a apporté une reconnaissance internationale.
Megan Fox a fait du bruit aussi lorsque, dans une interview pour le magazine Wonderland, à l'heure de la promotion de Transformers 2 (2009), elle fait une description peu flatteuse du réalisateur Michael Bay : "Il est comme Napoléon et il veut se créer une réputation d'homme fou. Il veut être comme Hitler sur un tournage et il l'est. C'est un cauchemar de travailler avec lui mais dès qu'on sort du plateau et qu'il n'est pas en mode réalisateur, j'apprécie plutôt sa compagnie. Il est vraiment bizarre. Il n'a pas du tout de compétences 'sociales'. Il est fragile et vulnérable dans la vie et sur un tournage, c'est un tyran." Megan n'est pas revenue pour Transformers 3, remplacée par Rosie Huntington-Whiteley. Depuis, de l'eau a coulé sous le pont et elle collabore de nouveau avec Bay pour Les Tortues Ninjas.
"La Vie d'Adèle", en salles le 9 octobre