Les couvertures des magazines féminins, culturels et de société sont trustés par le film La Vie d'Adèle. Les actrices, Léa Seydoux en première ligne, la révélation Adèle Exarchopoulos et le réalisateur Abdellatif Kechiche font la une des revues, dans un contexte particulier. Le long métrage a reçu la Palme d'or, un moment de joie rapidement englouti par la polémique sur les conditions de fabrication du film. Après la grogne des techniciens, c'est le récit du tournage, qualifié de calvaire par les deux actrices principales, qui a fait grand bruit Les interviews se sont succédé et si le génie du cinéaste est reconnu par ses comédiennes, son attitude a laissé des traces. Abdellatif Kechiche en personne s'est expliqué à Télérama, attaquant d'ailleurs précisément Léa Seydoux. La jeune Adèle s'exprime elle dans Les Inrocks.
Une amoureuse du cinéma
Adèle Exarchopoulos aime le cinéma, cela se sent dans chacune de ses phrases. D'ailleurs, c'est grâce à lui qu'elle a rencontré son amoureux, Jérémie Laheurte, qui joue avec elle dans La Vie d'Adèle. Elle se nourrit de films, mais il y en a tant à voir quand on n'a que 19 ans. Sa famille ne vient pas de ce milieu, mais elle s'y sent comme un poisson dans l'eau : "Quand t'as 14 ans, un salaire, une régie autour et que tu t'éclates avec plein de gens, tu prends ça comme un jeu, pas comme un métier sérieux et durable." Avec Des morceaux de moi en février 2013, elle a le premier rôle au côté de Zabou Breitman et Tchéky Karyo. Puis viendra la rencontre avec celui qu'elle appelle "Abdel", une discussion dans un café de Belleville, une rencontre étrange, faite de silences : "Je n'étais pas la seule candidate, il a vu tout Paris pour ce film. Être choisie dans ces conditions, ça fait plaisir."
"Ce n'était pas la torture"
Puis vient l'heure du tournage. Adèle se retrouve face à Léa Seydoux. Elles ont rapidement dû briser la glace en commençant par les "scènes de cul" : "Abdel avait raison, ça nous a décoincées direct. [...] On est vite devenues amies, alliées. Notre complicité était essentielle à la réussite du film." Pour cette interview, Adèle Exarchopoulos revient sur les précédentes, celles qui ont nourri la polémique : "La dureté du tournage et la beauté du film vont ensemble ! [...] Et c'est vrai qu'il m'est arrivé parfois d'en vouloir à Abdel, mais c'était pour le film et je suis sûre que lui-même le comprend. [...] Mais bon, faut arrêter, ce n'était pas non plus la torture."
Adèle revient avec davantage de précision sur les paroles dures de sa partenaire et elle sur La Vie d'Adèle : "Tout le monde s'est excité sur nos propos, sauf que j'ai lu des trucs que je n'avais jamais dits ou des interprétations malveillantes de mes propos. Par exemple, quand je dis qu'Abdel nous manipulait, ce n'était pas du tout péjoratif dans mon esprit. [...] Je voulais employer un autre mot que le cliché habituel de la séduction entre un réalisateur et son actrice. [...] Si les gens voyaient l'intégralité de ce fameux entretien [à Daily Beast], ils seraient morts de rire. [...] On a aussi dit qu'Abdel était un génie."
Une déclaration d'amour
Quant à la colère des techniciens, l'actrice s'en démarque avec clairvoyance : "Eux ont soulevé des questions de droit du travail, nous, c'était plus émotionnel. Mais faut arrêter, Abdel ne nous a ni frappées ni torturées, il nous a juste demandé de tout donner. [...] Je ne me plains pas. Des gens triment toujours les jours, moi, je fais un métier où j'apprends énormément." Son interview est une déclaration d'amour, au septième art, mais aussi au réalisateur et à sa partenaire : "Abdel m'a tirée vers le haut... Tout le reste, c'est des conneries. Abdel et Léa, je les aimerai toujours, je ne les oublierai jamais."
La belle et franche Adèle doit désormais faire le tri entre les nombreuses propositions qui lui sont faites désormais : "Je vais faire un film avec Sara Forestier, c'est génial, d'autant qu'on vient toutes les deux de la même 'école' [Sara a été meilleur espoir aux César grâce à L'Esquive de Kechiche, NDLR]. J'aurai un rôle de composition puisque je jouerai une bègue." Il s'agit de la première réalisation de l'actrice césarisée pour Le Nom des gens. Ce premier film intitulé M racontera le coup de foudre dans une cité de banlieue parisienne entre une jeune femme bègue de 18 ans qui a trouvé refuge dans les livres et un jeune homme de 29 ans, un peu marginal et passionné de courses hippiques.
Retrouvez l'intégralité de l'entretien dans le magazine "Les Inrockuptibles" du 25 septembre
"La Vie d'Adèle", en salles le 9 octobre