Chaque Halloween est l'occasion de ressortir sa panoplie d'amateur de films d'horreur, armé des classiques incontournables mais aussi de quelques trouvailles pour arracher les frissons dans son salon. Un an après avoir un guide des films d'horreur pour les néophytes, place aux femmes, victimes puis bourreaux d'un pan monumental du cinéma moderne, qui s'est remodelé au fil des années et des révolutions pour briser les codes et provoquer quelques cauchemars chez le sexe opposé. Panorama des dix performances les plus démentes, provocantes, étourdissantes, flippantes de ces quarante dernières années.
Femme d'ailleurs : Linda Blair, L'Exorciste (1973) de William Friedkin
Elle a 14 ans lorsque ses parents, visiblement inconscients, la laissent incarner une adolescente possédée dans ce qui restera comme le film culte des années 70. Linda Blair est depuis entrée dans la légende du film d'horreur avec sa performance terriblement extrême, soldée par des trauma dans l'inconscient collectif et une nomination aux Oscars.
Femme folie : Marilyn Burns, Massacre à la tronçonneuse (1974) de Tobe Hooper
Le fait que la carrière de cette actrice se résume principalement au classique et à deux suites, dont la prochaine version en 3D, renforce terriblement la puissance de sa performance en première rescapée de Leatherface. Outre une scène de dîner proprement terrifiante, le vrai traumatisme réside dans la dernière image du film, où elle échappe au détraqué, non sans avoir été contaminé par sa folie et ses hurlement deséspérés.
Femme sanglante : Sissy Spacek, Carrie (1976) de Brian de Palma
L'une des rares performances à avoir été confirmée par une nomination aux Oscars, la présence diaphane de Sissy Spacek, incroyablement juvénile à 27 ans, est restée dans les annales du cinéma fantastique à côté de quelques gouttes de sang de porc. Un énorme défi pour Chloë Grace-Moretz, prochaine Carrie en 2013.
Femme culte : Jamie Lee Curtis, Halloween (1978) de John Carpenter
Impossible de passer à côté de la première "scream queen" qui est entrée dans la légende avec un rôle qui semble désormais bien limité. Peu importe, Jamie Lee Curtis, 20 ans, est la première actrice de film d'horreur à donner du fil à retordre à un méchant increvable, qui reviendra dans une dizaine de films.
Femme victime : Mia Farrow, Rosemary's Baby (1968) de Roman Polanski
Quintessence de la frêle victime, Mia Farrow est de tous les plans, de tous les doutes, de toutes les peurs dans ce cauchemar urbain indétrônable, mainte fois copié mais rarement égalé. Alors que sa silhouette et ses cheveux disparaissent, elle rassemble les pièces d'un horrible puzzle censé faire d'elle la mère de Satan. Vous ne regarderez plus jamais les vieilles personnes de la même manière.
Femme folie 2 : Isabelle Adjani, Possession (1981) d'Andrzej Zulawski
Elle est la première à reconnaître qu'elle a laissé ce rôle aller trop loin dans son corps et son esprit mais le résultat a payé : césarisée pour l'occasion, Isabelle Adjani offre sa performance la plus démente, qui culmine avec une crise laiteuse dans les couloirs du métro berlinois. Variation monstueuse sur la passion amoureuse, le film est un mystère insoluble au moins aussi traumatisant que les méthodes de Zulawski.
Femme warrior : Sigourney Weaver, Aliens (1986) de James Cameron
"Ne la touche, pas sale pute". Aussi culte soit-elle, cette réplique incontournable n'est qu'une infime part de la superbe Ripley incarnée par Sigourney Weaver dans cette première suite du film de Ridley Scott. Femme, mère, guerrière, l'employée modèle se métamorphose avec une force inimitable dans ce qui reste un indétrônable grand huit de la SF moderne. Nomination aux Oscars à la clé.
Femme-fan : Kathy Bates, Misery (1990) de Rob Reiner
Tony Scott a réalisé un film qui s'appelle Le Fan (1996) mais Kathy Bates bat à plate couture Robert de Niro avec ce rôle de cette vieille fille qui s'est amouraché d'une héroïne de fiction condamnée par son auteur. Mais le destin, en la personne de Stephen King, lui permet de prendre sa revanche sur le pauvre homme de lettres.
Femme d'à côté : Michelle Pfeiffer, Apparences (2000) de Robert Zemeckis
Moins bruyante, moins violente, la présence de Michelle Pfeiffer dans ce thriller sous-évalué, aux allures hitchcockiennes assumées, est d'une sidérante efficacité. Véritable coeur du film, qui scrute chacun de ses mouvements, elle rappelle que les vraies comédiennes offrent une impressionnante plus-value aux films fantastique dès lors qu'elles semblent y croire.
Femme glacée : Nicole Kidman, Les Autres (2001) d'Alejandro Amenabar
Grace Kelly perdue dans une résidence isolée dans la brume, Nicole Kidman porte sur ses épaules rigides ce malin thriller qui déshabille le film de fantômes. Avec un aplomb divin, elle est l'incarnation d'un cauchemar sobre mais profondément tétanisant.
Geoffrey Crété