Après avoir partagé en début de semaine l'attention avec les figures féminines d'Ingres lors du vernissage de l'exposition événement consacrée au peintre néo-classique français au Musée du Prado, Letizia d'Espagne l'a assez largement accaparée mardi et mercredi pour deux incursions dans son ancien domaine de prédilection : le journalisme.
L'ancienne présentatrice des infos et reporter de la RTVE (le groupe audiovisuel public en Espagne), qui a abandonné sa carrière - sans regrets - pour épouser Felipe en 2004, ne manque jamais le moindre événement majeur en lien avec des titres de presse ou des médias. Mardi 24 novembre, Letizia accompagnait le roi Felipe VI à la Casa de Correos, bel édifice qui donne sur la place Puerta del Sol à Madrid, pour célébrer les quinze ans d'existence de l'édition espagnole du quotidien 20 Minutes. Une fête à laquelle prenaient part, outre des membres du Grupo Heraldo, propriétaire du titre, nombre de personnalités d'influence. Parmi les quelque 400 invités, la reine, qui avait joué la carte d'un total look black, n'était pas la moins remarquable, sublime dans un smoking Hugo Boss et haut assorti. Et si l'éclat de ses somptueux pendants d'oreilles attiraient immanquablement le regard, ses cheveux tout bouclés, qui ont bien repoussé (est-elle décidée à abandonner le carré qu'elle étrennait au printemps ?), apportait du peps à la sobriété de sa tenue.
Dans son allocution de rigueur, le souverain a chanté les louanges de la liberté d'expression de la presse, a vanté la capacité de la presse gratuite à atteindre un public très large comme seules la télévision et la radio y parvenaient auparavant, et a souligné les profondes mutations à l'oeuvre dans le secteur sous l'impusion des progrès technologiques et des nouveaux usages. Une révolution qui, combinée à la crise économique, a eu de sérieuses répercussions sur le métier, comme il l'a également remarqué. Le positif l'a toutefois emporté, bien sûr, notamment lorsqu'il a adressé ses félicitations à 20 Minutos, "un journal moderne, jeune et précurseur qui mérite vraiment la plus grande reconnaissance", y compris pour son édition en ligne, 2e média digital du pays. Il a également saisi l'occasion de saluer les 120 ans du Grupo Heraldo dans le monde de la presse.
Mercredi soir, le couple royal honorait un autre rendez-vous dans l'univers des médias en présidant au Ritz, toujours dans la capitale, la cérémonie de remise du 32e Prix de Journalisme Francisco Cerecedo, dont le souverain assure la présidence d'honneur. Letizia, qui y porte chaque année du noir, n'a pas dérogé à sa règle et s'est affichée dans une robe Felipe Varela plutôt courte, du genre de celles qui lui avaient attiré quelques commentaires désapprobateurs, pour le dîner offert en l'honneur du lauréat de cette année.
Celui-ci se nomme Félix de Azúa, docteur en philosophie qui enseigne dans les universités d'Oxford, de San Sebastian et de Barcelone, et contributeur régulier des quotidiens La Vanguardia et El País. Le jury a retenu en particulier "sa capacité à analyser la réalité avec finesse pour aiguillonner les consciences et casser les codes avec un humour corrosif". Quelques mois après s'être vu attribuer le fauteuil H de l'Académie royale espagnole laissé vacant suite à la mort de Martin de Riquer, Félix de Azúa a reçu la médaille confectionnée par le sculpteur Julio Lopez des mains du roi, lequel a mis en exergue le talent de journalistes tels que le lauréat face à des circonstances difficiles comme l'Europe en connaît actuellement, du fait en particulier du terrorisme. "Nous avons devant nous, a-t-il déclaré, un Barcelonais de naissance qui a bâti sa carrière en restant fidèle à ses principes et qui, en bon journaliste, a démontré une constance indélébile de son attachement à la liberté et de son engagement pour favoriser la citoyenneté créative."