Ça méritait bien un bisou ! Si l'on pouvait penser les marques d'affection publiques de la reine Letizia et du roi Felipe VI d'Espagne réservées au contexte de la Copa del Rey, régate estivale qu'il dispute tous les ans à Majorque et où il a en plusieurs occasions été encouragé par les baisers de son épouse, il n'en est rien : mercredi 20 février 2019, le souverain a surpris son monde en inclinant son mètre 97 vers la reine (de son coeur) pour lui voler un chaste baiser (sur la joue) alors qu'il venait de se voir remettre une prestigieuse distinction.
Qui aurait pu prédire que la cérémonie de clôture du XXVIe Congrès mondial de droit de l'Association mondiale des juristes (WJA) donnerait lieu à une telle scène ? Elle s'est produite au Théâtre royal de Madrid, qui accueillait l'événement, alors que le roi Felipe VI venait de recevoir le Prix de la paix et de la liberté décerné par l'organisation, en reconnaissance de son engagement "inébranlable" dans la défense des institutions démocratiques et en faveur de l'Etat de droit, de la liberté et de l'ordre constitutionnel.
Très touché par les mots de l'ancien Premier ministre espagnol Felipe Gonzalez, qui fut le chef du gouvernement de 1982 à 1996 sous le règne de son père le roi Juan Carlos Ier, et la très longue et fervente ovation du public à laquelle Letizia contribuait en applaudissant fièrement, le monarque n'a visiblement pas pu s'empêcher de partager son émotion avec sa femme, superbe dans sa robe Carolina Herrera, via cette bise aussi tendre qu'inattendue.
Le roi Felipe, qui est seulement la quatrième illustre personnalité internationale ainsi récompensée par la WJA en 55 ans d'existence (les précédents furent René Cassin, Winston Churchill et Nelson Mandela), a souhaité étendre la reconnaissance et la valeur de ce prix bien au-delà de sa seule personne, y voyant un gage validant la solidité de la démocratie espagnole et le partageant avec ceux qui, avant lui, en furent les architectes : "une génération dont le sens de l'Histoire de l'Espagne et la vision de l'avenir ont posé la base de notre coexistence démocratique", a-t-il souligné en ayant sans doute une pensée particulière pour son père, grand artisan de la démocratie au sortir de la dictature franquiste. Concluant le Congrès en beauté, il a également fait valoir le pouvoir supérieur du droit et de la loi : "La loi, a-t-il observé, ne peut pas tout faire, mais il est également vrai que sans loi, rien ne peut être fait qui soit légitime, durable, rationnel et sûr."
Dans la foulée de la cérémonie, le couple royal espagnol recevait à déjeuner chez lui, au palais de la Zarzuela, le président du Portugal Marcelo Rebelo de Sousa, venu en Espagne spécialement pour voir la remise du Prix de la Paix et de la Liberté au roi Felipe.