Depuis sa retraite des pelouses, Lilian Thuram est un homme très engagé.
Le recordman des sélections en équipe de France lutte avec acharnement contre les préjugés et le racisme qui se manifestent au quotidien, comme il en avait été la victime en Belgique dans un grand restaurant de Bruxelles. L'ancien joueur de la Juventus de Turin franchit aujourd'hui un nouveau pas en devenant commissaire de l'exposition L'invention du sauvage, Exhibitions, au Quai Branly, qui ouvre ses portes à partir du 29 novembre prochain.
Le compagnon de Karine Le Marchand, dont la nouvelle émission On ne choisit pas ses voisins fait déjà parler d'elle, s'est ainsi demandé comment des zoos humains qui ont attiré plus de 1,4 milliard de personnes entre la fin du XIXe siècle et le début du XXe ont pu exister et ainsi "éduquer" les populations sur le fait qu'il existait des races différentes ; comme il l'explique au Figaro.fr après avoir vu le portail du Zoo de Hambourg : "Il indiquait ce qu'on pouvait encore voir à l'intérieur dans les années 1930 : des humains dans des enclos à côté des animaux."
C'est sur cette idée que l'ancien champion du monde 1998 s'est vu proposer par le Quai Branly la création "d'un parcours sur ce thème avec le soutien scientifique de Pascal Blanchard et Nanette Jacomijn Snoep, respectivement spécialiste de l'histoire coloniale et responsable de l'unité patrimoniale Histoire du musée".
"À l'origine, il y a une conviction : on ne naît pas raciste, on le devient. La génétique prouve qu'il n'y a qu'une espèce, Homo sapiens. Il n'y a donc pas d'humanités supérieures à d'autres. Alors pourquoi, selon un sondage récent, 55 % des Français croient-ils encore aux races ? Et pourquoi pense-t-on encore, de façon consciente ou inconsciente, que la couleur de peau détermine les qualités ou les défauts de quelqu'un ? Que les Noirs courent plus vite ou que les Blancs sont les plus rapides dans une piscine ?", explique Lilian Thuram. C'est à ces questions que tente de répondre celui qui avait apporté son soutien à Laurent Blanc dans la désormais célèbre affaire des quotas en équipe de France, tout en démontant des schémas pré-établis depuis des décennies.
Au travers d'affiches, de machines, de photos, de films et de bien d'autres pièces parmi lesquelles on peut voir les arrière-grands-parents de Christian Karembeu, Lilian Thuram invite ainsi à une réflexion profonde, sans pour autant vouloir faire culpabiliser les visiteurs : "L'exposition ne sermonne personne, assure Lilian Thuram. Le but est de développer un esprit critique face à des a priori encore bien ancrés. Ces spectacles, à la fois outils de propagande, objets scientifiques et sources de divertissement ont formé le regard de l'Occident et profondément influencé la manière dont nous concevons l'altérité."
Une exposition que Lilian Thuram vous présente en images et que vous pourrez découvrir au musée du Quai Branly à partir du 29 novembre.