Arrivée en 1970 en France de son Portugal natal, Linda De Suza ne connaîtra le succès que dix ans plus tard. Ancienne femme de ménage, elle devient, dans les années 80, très célèbre avec des chansons comme Tiroli-Tirola ou L'Etrangère.
Mais de sa trentaine de 45-tours, de ses trois disques d'or, et du million d'exemplaires vendus de son autobiographie - La valise en carton -, que reste-t-il aujourd'hui ? Pas grand-chose si l'on en croit la chanteuse, qui s'apprête à porter plainte avec constitution de partie civile pour abus de confiance et escroquerie.
Le JDD.fr revient sur cette drôle d'affaire. Tout commence en 1996, quand Linda De Suza découvre que ses neuf années de ménage lui rapporteront une plus importante retraite (363 euros) que ses années d'auteur-compositeur-interprète. Une révélation qui éveille ses soupçons. Mais ce n'est qu'en décembre 2008 que ceux-ci seront réveillés et confirmés, lorsqu'elle apprend de l'Institut national de l'audiovisuel l'existence de comptes bancaires : "Ils m'ont contactée car le compte sur lequel ils avaient l'habitude de me verser des cachets venait de fermer. Mais j'en ignorais l'existence".
Ces comptes (six au total) ont été ouverts avec le premier numéro de carte de séjour de Linda De Suza. Numéro qui n'est plus le sien depuis 1979 et qui aurait été attribué à une autre Portugaise : "Vous vous rendez compte ? On a usurpé mon identité (...) À l'époque, on m'appelait la Mère Teresa du show-biz. Je comprends mieux pourquoi : on m'a dévalisée !"
L'avocat de la chanteuse, Me Benjamin Mock, s'intéresse à ceux qui avaient accès aux comptes en banque. Il y a d'abord Claude Bécue, ancien secrétaire particulier de l'artiste, aujourd'hui décédé, et Raymond Robinet, ancien éclairagiste, compagnon de Linda jusqu'en 1993.
Il tient aujourd'hui une pizzeria à Montfermeil (Seine-Saint-Denis) : "Ce n'est pas moi qui l'ai escroquée. Linda faisait confiance à n'importe qui et une petite bande en a profité. Carrère (son producteur) s'est copieusement servi. Deux autres gars avaient accès à son fric, Bécue et Pascal Auriat." Auriat était le directeur artistique. Il est décédé. Claude Carrère, le producteur, n'a pas souhaité s'exprimer.
D'après le JDD, à 62 ans, Linda De Suza ne possède qu'une "petite maison" et une "Mercedes de 1992". Elle vient de charger son avocat de déposer plainte dans l'objectif de récupérer ses droits. Le directeur de la caisse de retraite des artistes lui verse, en guise d'avance, 1300 euros par mois. Concernant l'affaire, il déclare : "Ses différents employeurs - éditeurs, producteurs, directeurs de salles - ont souvent omis de déclarer ses activités, alors qu'elle a généré un chiffre d'affaires colossal."
L'interprète de La valise en carton se lance dans une longue, très longue bataille.