Avec Lio canta Caymmi, ce n'est pas seulement son compte en banque que Vanda Vasconcelos, dite Lio, entend réveiller. C'est aussi l'artiste. Quelques jours après la publication de ce premier album en sept ans – un hommage au songwritter brésilien Dorival Caymmi, peu connu hors de son pays mais influence majeure d'artistes comme Gilberto Gil et Caetano Veloso –, la chanteuse de 55 ans fait l'objet du grand portrait de Libération dans son édition du 3 avril 2018.
Lio, qui évoquait dernièrement sur le plateau de Quotidien ses problèmes d'argent, raconte une autre facette dans ce portrait : sa solitude. Ces chansons de Caymmi sont entrées dans sa vie quand il le fallait : "Elles m'ont permis de me rappeler que nous sommes des êtres d'espérance. C'est tombé au bon moment. Je venais de me réinstaller à Bruxelles, pour me rassurer. J'ai été très longtemps dans le déni de la peur. Et la peur s'en est nourrie, pour devenir de la terreur. J'étais très seule, je le suis encore." Lio envisage aujourd'hui son retour au Portugal, son pays de naissance, et son installation à Lisbonne. "Je ne suis même pas sûre que c'est encore là que je vais m'y retrouver. J'aimerais bien me sentir tranquille un jour. Tranquille dans l'intranquillité."
Mère de six enfants, Lio n'est qu'interprète de toute sa discographie. Ce qui explique en partie ses difficultés financières. "Je suis riche de plein de choses mais pas sur mon compte en banque. Je ne suis que chanteuse, je ne touche pas les droits d'auteur", disait-elle en mars dernier dans l'émission Quotidien. Pour autant, elle a incarné comme personne auparavant la pop française dès 1980 avec les tubes Banana Split et Amoureux solitaires (reprise des Stinky Toys d'Elli et Jacno) jusqu'au chef d'oevre Pop Model en 1986, avec les inoubliables Les brunes comptent pas pour des prunes et Fallait pas commencer. Comme pour son dernier album, elle travaillait déjà avec Jacques Duvall. Lio aimerait qu'on lui reconnaisse ce statut de pionnière. Se détachant de son personnage, Vanda déclare solennellement : "On peut rentrer dans la création d'une proposition artistique multiplie. Je considère que le premier album de Lio, il est fondateur de la pop française. (...) Quand Lio arrive en 1979, il y a un avant et un après. Daho, il est derrière." Derrière et bien conscient de celle à qui il a affaire. Étienne Daho est, lui aussi, dingue d'Elli et Jacno ; il reprendra même Amoureux solitaires en duo avec la talentueuse Calypso Valois (fille du duo qui vient de sortir un superbe premier album, Cannibale) en 2011. Daho connaît son premier succès avec La Notte, La Notte, son deuxième album paru en 1984 et porté par le single Week-End à Rome, dans lequel se glisse la voix sucrée de Lio.
Pour payer ses factures, Lio n'échappe pas aux tournées d'anciennes gloires des années 1980, ni aux galas, qu'elle adore. Ce qu'elle regrette en revanche, ce sont ses participations aux programmes comme Nouvelle Star en France et The Voice en Belgique en raison de la manière dont sont traités les candidats. Elle aimerait que ce nouvel album marche pour remonter sur scène avec un vrai spectacle. Et retrouver le coeur de son métier...