Pour 1789, Les Amants de la Bastille, Dove Attia et Albert Cohen ont tenté un cocktail assez audacieux et prometteur en matière de distribution : après les belles réussites de la troupe de Mozart l'opéra rock, où Florent Mothe et Yamin Dib ont notamment brillé, le tandem star du monde du spectacle musical a voulu de toute évidence allier l'expérience et la stature d'interprètes chevronnés (Rod Janois, musicien attitré des productions Cohen-Attia, hérite pour la première fois d'un rôle-clé sur scène) à la fraîcheur de nouvelles têtes puisées dans les télé-crochets (Sébastien Agius de X Factor, Louis Delort de The Voice) ou castées sur Internet (Nathalia).
L'annonce cet été de l'arrivée de Louis Delort avait à la fois créé un sacré coup de pub et semé un peu de confusion, son personnage de Ronan semblant faire doublon avec celui de Lazare, principal protagoniste incarné par Mathieu Carnot. Le jeune homme découvert dans The Voice sur TF1, finaliste perdant mais pas malheureux puisque Dove Attia a pu jeter son dévolu sur lui ("S'il l'avait emporté, on aurait été dans la merde !", lâche-t-il au Parisien de ce jour), avait été officialisé dans la fin du clip de Je veux le monde mettant à l'honneur Nathalia et son personnage de Solène, dans lequel Mathieu Carnot-Lazare était étrangement en retrait. Et, le 27 juillet, on lisait sur le site officiel : "Louis Delort rejoint la troupe. Il interprétera le rôle de RONAN, un jeune révolutionnaire qui monte à Paris au printemps de l'année 1789. Aux côtés de Danton et Desmoulins (Rod Janois), il participera à la prise de la Bastille et combattra pour les idées qui mèneront à la déclaration des droits de l'homme." Quid, alors, de Mathieu Carnot, toujours bien (re)présenté sur le site officiel du spectacle ? Selon le Parisien de ce jeudi 23 août, qui a rencontré Louis Delort à l'occasion de ses premières répétitions, le chanteur de 18 ans remplace Mathieu Carnot, obligé de renoncer à son rôle de héros du spectacle musical en raison d'une opération des cordes vocales... Pas évident de débarquer dans ces conditions, quand on n'a que 18 ans et un passage par la case télé-réalité à son actif.
"J'appréhendais mon arrivée dans ces circonstances, mais la troupe m'a fait un super accueil", confie Louis dans Le Parisien, qui propose sur son site une vidéo de leur rencontre en pleines répétitions de 1789 dans le gymnase du lycée de Vanves (Hauts-de-Seine). Il explique la manière dont il a rejoint l'aventure : "Je n'y pensais pas du tout. Et puis, quand on m'a proposé le spectacle, je me suis dit que ces quatre mois de scène allaient me laisser le temps de progresser. Après The Voice, je ne voulais pas commettre l'erreur de surfer sur la vague télé et de sortir un disque pas prêt." Dove Attia, de son côté, tenait à l'avoir sur ce projet : "On le voulait. On a eu un coup de coeur en le voyant dans l'émission. Pour moi, c'est un vrai gavroche, un révolutionnaire." Le profil de Louis ne risquait pas d'échapper au producteur à succès, puisque Bruno Berberes, directeur de casting de tous les spectacles de Dove Attia depuis Les Dix Commandements ainsi que d'autres spectacles musicaux, était également celui de... The Voice saison 1, dont Louis a atteint la finale.
"Il y a encore six mois, rappelle Le Parisien, ce fan des Red Hot et de Jeff Buckley composait ses chansons à Saint-Trivier-sur-Moignans, commune de 1 200 âmes dans l'Ain où il a grandi. Aujourd'hui, il vient d'emménager dans un appartement parisien "grâce à The Voice et au cachet de la tournée qui a suivi l'émission, 20 dates à 550 euros brut le concert"." Lui voulait "être repéré par une maison de disques à travers le bouche à oreilles des concerts" avec son groupe The Shepherds ; c'est son père, musicien pour l'excellent Yves Jamais, qui lui met le pied à l'étrier de The Voice après avoir accompagné lors des castings Stéphane Rizon, futur vainqueur.
Il y a maintenant fort à parier qu'on en verra un peu plus de Louis Delort en paysan révolté dans le prochain clip de la comédie musicale mise en scène par Giuliano Peparini, dont l'album de la bande originale, sorti en avril dernier, s'est vendu à plus de 50 000 exemplaires dans le sillage de ses singles (et leurs clips) Ça ira mon amour, scène d'exposition menée par Rod Janois, Pour la peine, ballade enfiévrée d'utopie révolutionnaire qui introduisait le couple star de la comédie musicale - le paysan révolté et la gouvernante de Marie-Antoinette (Roxane Le Texier), Olympe (Camille Lou) -, et Je veux le monde, révolte des courtisanes conduite par Nathalia. Dans le clip, on pouvait également continuer à faire connaissance avec Jean-Sylvain Bailly, maire de Paris après la prise de la Bastille, campé par Sébastien Agius, et Auguste Ramard dit "le mouchard", l'homme de main dévoué et sans scrupules du comte d'Artois, frère de Louis XVI, et par ailleurs amoureux transi d'Olympe, joué par Yamin Dib.
1789, Les Amants de la Bastille sera présenté sur la scène du Palais des Sports de Paris à partir du 10 octobre 2012 et en tournée. 80 000 billets ont déjà été vendus, "ce qui nous place sur les mêmes bases que nos shows précédents", constate Albert Cohen.