Ce 5 février 2012, le halftime show du Superbowl XLVI, l'événement sportif le plus regardé aux États-Unis, battait son plein et Madonna rendait une copie aussi extravagante qu'impressionnante. A ses côtés, deux jeunes stars adulées à la personnalité peu commune, Nicki Minaj et M.I.A. Soudain, et alors que les trois filles en terminent avec Give Me All Your Luvin', M.I.A. tend son majeur face à la caméra et termine par un charmant "I don't give a shit". De quoi énerver la NFL, la ligue nationale de football, qui lui réclame aujourd'hui 1,5 million de dollars...
Si sur le coup, NBC, le diffuseur, n'avait pu user de son direct différé pour censurer le geste, la chaîne avait présenté ses excuses par la suite, tout comme la NFL. Quelques jours plus tard, c'est Madonna qui s'en prenait à la chanteuse britannique originaire du Sri Lanka : "J'ai été vraiment surprise. Je ne savais rien de cela. Je n'étais pas contente. Je comprends que ce soit punk-rock et tout mais, pour moi, il y avait tellement d'amour et de bonne énergie que ça m'a semblé négatif. (...) C'est digne d'une adolescente... Une chose à ne pas faire... Il y avait tellement d'amour et d'union. Quel était le but ? C'était juste déplacé !"
Et alors qu'on pensait les choses tassées, l'artiste qui sort son nouvel album Matangi porté par le single Bring the noise, se voit demander la coquette somme de 1,5 million de dollars par la NFL qui considère qu'elle n'a pas respecté le contrat qu'elle avait signé avec la puissante ligue sportive, qui l'engageait à respecter l'image et les valeurs de la NFL, ce qu'elle n'aurait pas fait avec ce "geste offensant". Résultat, un mois après son doigt d'honneur, M.I.A. entrait en guerre avec la NFL, celle-ci tentant une médiation avant d'en venir à des poursuites pénales. Ce qui pourrait bien arriver dans la mesure où l'artiste britannique, retenue sur le sol américain suite à sa séparation avec le père de son fils, a décidé de rendre les choses publiques.
Son avocat Howard King s'en donne donc à coeur joie pour critiquer la NFL. Il pointe du doigt les raisons fallacieuses avancées par la ligue pour demander réparation, tout en soulignant que celle-ci ferait bien de s'occuper de ses propres scandales : "Elle a décidé de rendre publique à quel point la NFL et ses fans étaient ridicules de consacrer une telle rage à cet incident, tout en ignorant le génocide qui se déroule dans son pays d'origine et dans plusieurs autres pays, sujets qu'elle aborde souvent."
M.I.A. et son avocat cherchent à mettre en avant la position ridicule de la NFL qui justifie sa demande par une image bafouée, quand celle-ci doit déjà se confronter à une réputation ternie par les 765 millions de dollars demandés par 4 500 joueurs victimes de traumatismes crâniens, les primes données par les coachs aux joueurs qui blessaient leurs adversaires, les crimes commis par ses joueurs stars, les commentaires racistes et homophobes de ses joueurs ou encore la santé des joueurs prises à la légère par la NFL et qui conduit nombre de joueurs à être victimes de troubles neurologiques des années après avoir arrêté le sport.
L'affaire, que la NFL tentait de régler loin des tribunaux, pourrait maintenant se terminer devant un juge. Et pas sûr que la puissante ligue en sorte vainqueur.