En décembre, Maria Alekhina et Nadejda Tolokonnikova, les deux dernières Pussy Riot encore emprisonnées, étaient enfin libérées après 22 mois de détention et le vote d'une loi d'amnistie par Vladimir Poutine. Une amnistie dénoncée par les deux intéressées comme une opération de communication à quelques semaines du lancement des Jeux olympiques de Sotchi. Depuis quelques jours, Maria et Nadejda voyagent à l'étranger pour raconter leurs conditions de détention et dénoncer la Russie de Poutine. Elles participaient mercredi 5 février au concert d'Amnesty International, placé sous l'égide de Madonna, à New York. Les autres Pussy Riot restées en Russie voient rouge et dans une lettre postée sur un blog écrivent : "Retenez bien cela, [...] ce ne sont plus des Pussy Riot."
Depuis leur libération, Maria et Nadejda ont décidé de poursuivre le combat en activistes et non plus seulement en chanteuses contestataires comme les Pussy Riot. Leur échappée solo passe mal auprès des autres membres du groupe : "Nous avons perdu deux amies, deux camarades de combat idéologique", ont écrit six membres anonymes du groupe sur leur blog, signant leur missive de pseudonymes. Selon l'AFP, si elles se réjouissent de la libération des deux jeunes femmes (âgées de 24 et 25 ans), les Pussy Riot dénoncent leur participation à des concerts et des événements associés au nom du groupe et allant à l'encontre de leurs valeurs, comme ce concert new-yorkais avec Madonna. "Nous adhérons à l'idéologie de la gauche anticapitaliste et donc nous n'accepterons jamais d'argent pour le visionnage de nos performances. [...] Et surtout, nous ne vendons jamais de billets pour nos shows." Elles leur reprochent aussi la présence d'un homme cagoulé sur l'affiche de cet événement en rappelant que les Pussy Riot était "un collectif féministe séparatiste".
Ne pas pardonner
"D'un côté, Nadia et Maria attirent énormément l'attention des médias et de la communauté internationale. Leurs conférences de presse réunissent une foule de journalistes. Les gens font attention à chacun de leurs mots. Mais jusqu'à présent, personne ne les entend." De fait, Maria et Nadejda sont exclues du groupe rendu célèbre depuis qu'elles ont chanté une prière anti-Poutine dans la cathédrale du Christ Saint-Sauveur à Moscou en 2012.
Mercredi soir au Barclays Center de Brooklyn où s'organisait ce concert Amnesty International, Nadejda et Maria ont une nouvelle fois provoqué Vladimir Poutine : "Nous n'allons pas pardonner et nous n'allons pas oublier ce que le régime fait à nos concitoyens. Nous demandons une Russie qui soit libre." Madonna, qui les avait déjà soutenues lors de son concert à Moscou en août 2012, a loué leur bravoure : "Il est temps que le reste du monde soit aussi courageux que les Pussy Riot et affronte les gens comme Poutine ou d'autres leaders et d'autres organisations qui ne respectent pas les droits de l'homme et entretiennent la discrimination et l'injustice."
Mercredi également, le Grand Journal diffusait son interview de Maria et Nadejda enregistrée quelques jours plus tôt.