Vice-champion olympique du 3 000 mètres steeple pour la seconde fois consécutive, Mahiedine Mekhissi se retrouve aujourd'hui impliqué au coeur d'une sombre histoire. L'Équipe révèle ce jeudi 25 octobre qu'une plainte pour "violences volontaires" a été déposée à son encontre. Une histoire qui pourrait lui coûter très cher, dans la mesure où l'athlète a été condamné à cinq mois de suspension avec sursis et une mise à l'épreuve de trois ans après sa violente altercation lors du meeting de Monaco en juillet 2011 sous les yeux du prince Albert.
L'affaire se serait déroulée ce lundi au CREPS de Reims où Mahiedine Mekhissi s'entraîne depuis toujours. Ce dernier serait venu demander des explications au responsable du haut niveau du CREPS suite à la non-embauche d'un de ses frères qui avait postulé à un job de surveillant sans jamais recevoir de réponse. Le responsable du haut niveau lui aurait alors rétorqué que le poste était pourvu. A ce moment, un incident aurait éclaté, mais les versions divergent selon les protagonistes. "Il s'est jeté sur moi, m'a saisi au cou alors que j'étais en train de lire quelque chose. Je ne lui ai donné aucun coup, dit aucun mot. C'était une agression physique violente", a déclaré la victime qui s'est vu prescrire un arrêt de travail de huit jours.
Une version que réfute Mahiedine Mekhissi : "Je lui ai mis la main sur la poitrine parce qu'il ne me répondait pas, mais je ne l'ai ni frappé, ni menacé." Lorsqu'il a appris pour la plainte qui avait été déposée à son encontre, le spécialiste du 3 000 mètres steeple a à son tour déposé une main courante au commissariat pour donner sa version des faits. "Mon avocat va demander une contre-expertise car je ne comprends pas comment on peut donner un tel arrêt alors qu'il n'y a aucune marque, interroge le double médaillé olympique. Cette personne sait que je suis sous le coup d'un sursis pour l'affaire de Monaco. Vous croyez que je vais aller taper quelqu'un alors que j'ai trois ans de mise à l'épreuve ? C'est n'importe quoi. Cette histoire est fausse et ça va me causer du tort. Ils vont être contents car il y a toujours des problèmes avec le CREPS..."
Le fond de l'histoire serait en fait lié aux relations délétères entre le CREPS et Mahiedine Mekhissi. Une situation qui dure depuis des années, et dans laquelle il serait question, en vrac, de jalousie, de petits problèmes quotidiens comme laisser les grilles fermées le jour des entraînements, le refus de l'accès à la cryothérapie, le non-renouvellement du contrat du coach Farouk Madaci ou encore, mesure plus symbolique qu'autre chose, le fait qu'aucun portrait de l'athlète, l'enfant du coin, ne soit accroché sur les murs de l'institution.
Toujours dans L'Équipe, le président du club de Mahiedine Mekhissi et de la ligue Champagne-Ardennes, Gilbert Macy, accuse : "C'est plus qu'un vieux contentieux, c'est une sale histoire. Je suis furieux qu'on puisse se servir de cet incident contre lui. J'ai confiance en Mahiedine et je le soutiens. J'ai avisé la DTN et la Fédération de ce que [Farouk Madaci et lui] subissent depuis plusieurs années."
Du côté de la Fédé, justement, on attend les conclusions de l'enquête avant de prendre la moindre décision qui pourrait avoir de lourdes conséquences, jusqu'à 1 500 euros d'amende ou l'obligation d'effectuer des travaux d'intérêt général. Bernard Amsalem, le boss de la Fédération, a tout de même tenu à dire "son étonnement" et "son questionnement par rapport aux éléments et à l'ambiance délétère qui règne au CREPS à l'encontre de Madaci et Mekhissi".