À l'incompréhension a succédé la colère. Celle de Nicolas Pagnol, petit-fils de Marcel, face à son éviction de sa "demeure", le château de la Buzine, édifice du XIXe siècle situé dans le 11e arrondissement de Marseille, dont l'écrivain et réalisateur avait été le propriétaire et qui est au coeur de son oeuvre Souvenirs d'enfance. Le 14 juin 2023, le descendant du célèbre auteur a appris de Jean-Marc Coppola, adjoint à la Culture (PC) à la mairie de Marseille avec qui il était toutefois en bons termes, que "le comité chargé de la délégation de service public (DSP) du château de la Buzine ne va pas lui renouveler son contrat. Malgré un bilan excellent, le petit-fils de Marcel Pagnol et son équipe doivent quitter le lieu. Benoît Payan, maire de Marseille, souhaite le confier à une association ouvrière", indique Le Figaro.
Que va-t-il advenir du château ? "La mairie de Marseille nous vire pour nous remplacer par une association qui n'a aucune expérience en équipements culturels et dont le coeur de métier est la gestion de centres sociaux. Ils vont transformer ce lieu mythique du patrimoine provençal en maison de quartier", explique Nicolas Pagnol au Figaro. Une décision étonnante au regard du bilan très favorable du lieu. Dans la pétition qu'il a mise en ligne, l'héritier de Pagnol affirme que "la fréquentation a été multipliée par 8 en 5 ans, les ateliers pour enfants ont du succès - 13 000 sont accueillis chaque année - et le résultat d'exploitation est bénéficiaire". Il est ulcéré à l'idée que ce "lieu phare pour les Provençaux, qui symbolise leur langue, leur culture, leur patrimoine" puissent être "détruits".
Une fureur relayée par de nombreux politiques comme la sénatrice Valérie Boyer (LR) qui crie au scandale. Mais Nicolas Pagnol, voyant le sujet prendre de l'ampleur, ne veut pas de récupération politique comme il l'a expliqué sur Twitter, décidant de ne pas maintenir la manifestation prévue le 23 juin pour éviter tout dérapage. Il a également précisé, à celles et ceux qui colporteraient de fausses rumeurs à des fins politiques, que "le château ne sera pas transformé en centre d'accueil ni en centre social mais en centre d'éducation populaire par le cinéma".
Le petit-fils de l'écrivain Marcel Pagnol et de Jacqueline Bouvier, assistant-réalisateur de formation, gère depuis 2004 l'oeuvre de son grand-père et en assure la restauration et la promotion pour les prochaines générations. Très investi dans la mémoire de l'oeuvre de son aîné, il est terriblement affecté par cette décision.
Parmi ses soutiens sincères et non politique, se distingue Philippe Caubère. Il a détaillé les raisons de sa signature à la pétition qui demande le maintien de l'institution dans les mains de Nicolas Pagnol et son équipe menée par Valérie Fédèle, précisant d'abord son lien fort avec la demeure : "Interprète de Joseph Pagnol, dans les 2 films d'Yves Robert, La Gloire de mon père et Le Château de ma mère d'Yves Robert, de Marcel Pagnol dans Jules et Marcel en compagnie de Michel Galabru et du marquis dans La Femme du boulanger avec le même. La décision de la mairie de Marseille est incompréhensible et assassine." Pour lui, ce lieu appartient la famille Pagnol qui l'a mis tant en valeur depuis toutes ces années : "C'est un crime contre l'art. Contre l'esprit. Contre Marseille." Le conseil municipal doit entériner la décision du comité le 23 juin.