Mercredi 13 novembre 2019, Nadine Trintignant a choqué et provoqué l'émoi sur le plateau de BFMTV où elle défendait Roman Polanski. Ce vendredi, Vincent Trintignant et Roman Kolinka, ses fils et petit-fils, se sont désolidarisés de son discours.
Dans une lettre ouverte adressée à Gala, le frère de Marie Trintignant, Vincent, et son fils aîné, Roman, ont soutenu les femmes victimes de violence. "Nous soutenons de tout coeur ces femmes dignes, courageuses, qui osent dénoncer leurs bourreaux et témoigner des ignobles violences qu'ils leur ont fait subir. Votre prise de parole est précieuse et nécessaire. Un artiste, même qualifié d'immense, est avant tout un être humain. Il doit être confronté à la justice pour les douleurs qu'il a infligées. Nous vous croyons, chères Adèle, Valentine, et toutes vos soeurs, qui osez briser le silence. Vos récits sont poignants, bouleversants. Nous demandons que justice soit faite. Quelle leçon ! Merci ! Plus jamais le silence ! Stop à la violence faite aux femmes." Cette lettre ouverte fait suite aux récents témoignages d'Adèle Haenel et de Valentine Monnier, qui accusent respectivement Christophe Ruggia et Roman Polanski d'agressions sexuelles.
Cette déclaration est d'autant plus puissante que Vincent Trintignant brise quinze ans de silence. En effet, il s'était muré dans le silence depuis la mort de sa soeur Marie. Pour rappel, Marie Trintignant est morte sous les coups de son compagnon Bertrand Cantat le 1er août 2003 à Vilnius, en Lituanie, où elle tournait le téléfilm Colette, une femme libre. Cette disparition mettait en lumière, pour la première fois en France, les féminicides. Vincent Trintignant, présent sur place lors de ce drame, ne s'exprimera jamais à ce propos. Roman Kolinka, fils de Marie Trintignant et Richard Kolinka, avait 17 ans à l'époque.
Interrogée sur les nouvelles accusations pesant sur Roman Polanski, Nadine Trintignant avait déclaré la semaine dernière : "Je soutiens Roman Polanski parce que c'est un immense metteur en scène, un homme intelligent et il a fait une chose grave il y a de cela quarante-quatre ans. En 44 ans, il y a eu de milliers de femmes violées et on ne connaît pas le nom des hommes qui ont fait cette mauvaise action. On les laisse tranquilles parce qu'ils s'appellent Dupond, Durand, ils sont commerçants (...) Ce serait pas Roman Polanski, on lui ficherait la paix. Tous les autres, on leur fiche la paix !"
Sous cet éclairage, et à l'aube de ce que l'on peut imaginer être un #MeToo français, les mots de Vincent Trintignant et de son neveu Roman Kolinka sonnent fort et juste.