Jean-Louis Trintignant avait pris du recul par rapport au monde du cinéma. A 81 ans, l'homme a pourtant décidé de revenir dans les salles obscures dans le film de Michael Haneke Amour, qui sera présenté au prochain Festival de Cannes.
Comme un écho, un livre d'entretiens écrit par son ami de longue date André Asséo sortira le 10 mai prochain. Du côté d'Uzès fait suite à une première édition sortie peu de temps après la disparition de sa fille Marie. Dix ans plus tard, André Asséo et Jean-Louis Trintignant ont repris cette conversation inachevée... Marie Trintignant occupe, on s'en doute, une place importante dans la vie de l'homme à l'immense carrière, comme le révèle les extraits publiés par Le Nouvel Observateur à paraître le 3 mai.
"La mort de Marie fut la plus grande souffrance de ma vie. Il était impossible d'imaginer un jour sans entendre sa voix, sans voir son sourire. Rien au monde n'aurait pu m'atteindre davantage", confie-t-il ainsi, expliquant que durant deux mois, il était "un mort-vivant, incapable du moindre mouvement. Deux mois pratiquement sans ouvrir la bouche, sans émettre le moindre jugement."
La souffrance est telle que Jean-Louis Trintignant songe à mettre fin à ses jours : "Lorsque la rage est en toi, les sentiments les plus extrêmes deviennent normaux. Mais j'y pense toujours. Tout le temps. J'ignore si la mort peut être plus forte que les rares moments de bonheur que me procurent un spectacle de poésie ou un repas avec un ami."
Et les sentiments sont à ce point exacerbés que le comédien serait prêt à commettre l'irréparable, tuer l'assassin de sa fille qu'il ne nomme jamais, Bertrand Cantat. "Mais je me dois de penser aux quatre enfants dont ma fille s'occupait avec tant d'amour, et je me dis qu'ils méritent autre chose que de la haine", ajoute-t-il. Une haine qui avait par le passé poussé Jean-Louis Trintignant à annuler sa participation au Festival d'Avignon, afin de ne pas croiser l'homme qui a tué sa fille.
Jean-Louis Trintignant s'est par la suite plongé dans la poésie, une passion qui le dévore depuis l'âge de 13-14 ans après avoir découvert paroles de Jacques Prévert. Puis vinrent Rimbaud, Baudelaire, Desnos ou encore Boris Vian, dont certains poèmes se retrouvent dans les spectaclesdu comédien, qui a donc décidé de revenir au cinéma, comme une sorte de conclusion à une carrière riche de plus de 130 films...
Les extraits des entretiens entre Jean-Louis Trintignant et André Asséo tirés du livre Jean-Louis Trintignant, Du côté d'Uzès, sont à retrouver dans Le Nouvel Observateur (en kiosques le 2 mai).