Pour sa grande première à la tête de l'équipe de Fed Cup, Amélie Mauresmo a vécu un week-end cauchemardesque. Non seulement parce que ses filles ont été balayées par l'Allemagne, mais également parce que Marion Bartoli, pour son grand retour au sein de la maison Bleue après huit ans d'absence, a vécu la débâcle depuis son lit, touchée par une grippe violente.
Cependant, les résultats qui obligent les Bleues à disputer un barrage pour ne pas tomber en troisième division mondiale ont été éclipsés par l'annonce de Marion Bartoli selon laquelle elle quittait son père. Une décision surprenante pour celle qui avait toujours refusé de se séparer de lui, se privant ainsi de Fed Cup et de JO... Son retour sous les ordres d'Amélie Mauresmo était un premier signe de changement. Pour la première fois, la numéro un française acceptait de se passer de son papa Walter, alors qu'ils vivaient une relation passionnelle et fusionnelle depuis des années.
Une grande première qui a pris tout le monde de court ce week-end à Limoges... Et la décision est immédiate, puisque dès le prochain tournoi de Doha la semaine prochaine, Marion Bartoli sera en solo : "Oui, j'irai à Doha. Non, mon papa ne sera pas là." Un véritable bouleversement pour le clan Bartoli que confirme à demi-mots la jeune femme de 28 ans. "C'est un changement, confirme-t-elle ainsi. On a beaucoup discuté ensemble, c'est une décision commune, il n'y a pas de rupture, de clash, c'est juste l'aboutissement d'une longue réflexion. Mais on est toujours très liés. J'ai mon père tous les jours au téléphone, il n'y a pas de souci, je lui raconte tout ce que je fais."
Mais du côté du papa Walter, on a du mal à encaisser. "Pour ma part, c'est encore un peu tôt. Je préfère temporiser pour l'instant", confiait-il à L'Équipe qui souhaitait obtenir sa réaction. Mais chez Marion Bartoli, le fruit d'une longue réflexion pour retrouver les sommets et enfin décrocher un Grand Chelem lui permet de passer le cap en douceur. "Ça s'est fait petit à petit. Mon père a toujours voulu le meilleur pour moi, ce qui est d'ailleurs assez remarquable chez lui, explique-t-elle. Il n'a jamais voulu avoir l'exclusivité sur mes résultats. Il m'a dit que ce serait peut-être mieux que j'essaye autre chose pour obtenir ce que je veux. Ça vaut le coup d'essayer."
Si la décision de Marion Bartoli, qui rêve d'Amélie Mauresmo en coach, surprend et enthousiasme, la Fédération française de tennis est plus sceptique quant à ce revirement de situation. "On a l'impression qu'elle voudrait s'émanciper, se faire aimer des filles tout de suite, être coachée par Amélie, mais tout ne peut pas se passer comme elle le voudrait, confie une source anonyme à L'Équipe. L'image qu'elle veut donner en public est un peu artificielle. Elle est un peu maladroite dans son comportement en équipe car elle ne sait pas faire pour l'instant. Elle se plaignait qu'on ne soit pas davantage auprès d'elle quand elle était malade par exemple..." Et la même source d'ajouter : "Côté logistique, Marion est une gamine de 16 ans. C'est normal, elle n'a jamais rien fait seule. Son choix est courageux mais on est un peu inquiets pour elle car cela va être compliqué sans son père. Et quand Marion va réaliser qu'Amélie ne peut pas la coacher de façon permanente comme elle en rêve, peut-être qu'elle voudra retourner avec son père."
Marion Bartoli a donc vaincu son complexe d'Œdipe... Suffisant pour lui permettre de décrocher un titre du Grand Chelem ? Affaire à suivre.