C'est une information publiée par l'AFP lundi 4 décembre qui a surpris. Peu connu du grand public, Mathias Vicherat, ex-compagnon de Marie Drucker et père de son fils Jean, 8 ans, est un homme puissant et un nom bien connu de la sphère politique. L'homme de 45 ans qui a gravi les échelons à vitesse grand V, s'est retrouvé nommé directeur de Sciences Po, après avoir fait ses preuves en tant que sous-préfet et directeur de cabinet des maires de Paris Bertrand Delanoë et Anne Hidalgo, ainsi que directeur général adjoint du groupe SNCF, ou encore secrétaire général chez Danone. Mais ce dimanche 3 décembre, Mathias Vicherat a été placé en garde à vue - ainsi que sa compagne, Anissa Bonnefont, son nom a été citée par Le Figaro -, provoquant une onde de choc et de colère.
En effet, le directeur de Sciences Po et sa compagne ont tous deux été placés en garde à vue au commissariat du 7e arrondissement de Paris, pour des faits de violences conjugales, a appris lundi l'AFP de source proche du dossier, ce qu'a confirmé le parquet de Paris. Ils s'accusaient réciproquement de violences conjugales. "L'unité médico-judiciaire n'a pas relevé d'incapacité totale de travail sur aucun des deux, et aucun des deux n'a souhaité déposer plainte à ce stade. L'enquête se poursuit en préliminaire", a précisé le ministère public. Lundi 4 décembre, en fin d'après-midi, les gardes à vue ont finalement été levées, comme l'a indiqué le parquet à l'AFP. Séparé de Marie Drucker, il est le père de leur enfant, Jean, 8 ans. Désormais, il occupe le poste le plus important au sein de l'établissement de Sciences Po Paris, et est aussi l'administrateur de la FNSP (Fondation nationale des sciences politiques).
Et déjà au sein de l'institut d'études politiques, le choc est grand. Il faut dire que Sciences Po aura connu des jours meilleurs que ces dernières années. Rappelons en effet que Mathias Vicherat avait succédé – en étant largement élu – en novembre 2021 à la tête de Sciences Po Paris à Frédéric Mion, contraint de démissionner en février de la même année pour avoir dissimulé les soupçons d'inceste visant le politologue Olivier Duhamel. Et déjà l'affaire Duhamel résonne au lendemain de cette information sur M. Vicherat. "On attend bien sûr d'avoir des éléments supplémentaires, mais on ne peut pas fermer les yeux sur ce sujet, a déclaré auprès de l'AFP Inès Fontenelle, vice-présidente étudiante du conseil de l'Institut et membre du conseil d'administration de la FNSP. Et encore moins dans le contexte de Sciences Po qui a connu l'affaire Duhamel, et plus récemment des blocages d'étudiants pour dénoncer le laxisme de l'institution face aux violences sexistes et sexuelles. Par devoir d'exemplarité, nous pensons que Mathias Vicherat ne peut représenter l'institution et si ces faits sont avérés, nous demanderons sa démission."
Dès son arrivée, l'ancien élève de Sciences Po, M. Vicherat, camarade de promotion d'Emmanuel Macron à l'ENA, avait qualifié de "priorité absolue" la lutte contre les violences sexistes et sexuelles, précisent nos confrères du Monde. "On a tous appris l'information par la presse, et on est tous sous le choc. La sidération est la même qu'au moment de l'affaire Duhamel", a fait savoir Inès Fontenelle. Une cinquantaine d'étudiants ont bloqué ce mardi matin l'entrée du bâtiment historique dans le VIIe arrondissement, pour réclamer la démission de son directeur. "Nous demandons la suspension immédiate de Vicherat et sa démission pour des raisons d'exemplarité", a fait savoir Inès Fontenelle.
Mathias Vicherat reste présumé innocent des faits qui lui sont reprochés jusqu'à clôture du dossier.