Mathieu Kassovitz présentait mardi soir à Paris son film L'Ordre et la morale. On ne sait pas encore à quelle sauce sera mangé le film par les spectateurs ou l'Académie des César, mais permettez-nous de lui décerner, dès aujourd'hui, la Palme de l'avant-première la plus politique de la semaine.
D'un côté, le réalisateur entouré de son producteur et de ses acteurs. Venus en amis ou en curieux, des gens du cinéma, de la littérature, des journalistes. On croise Isabelle Giordano, Pauline Delpech, le scénariste Bibi Naceri, Christian Karembeu, Emmanuel Philibert de Savoie et Clotilde Courau ou encore la trop rare Sylvie Testud. On croise aussi la journaliste Audrey Pulvar et c'est là que la liste d'invités bascule, car son compagnon Arnaud Montebourg est loin d'être la seule personnalité de gauche présente. Le numéro deux du Parti socialiste Harlem Désir est là. Le président du groupe socialiste à l'Assemblée nationale, Jean-Marc Ayrault est là. Noël Mamère et Michel Rocard sont là. Ce dernier a pris la pose avec Kassovitz, mais ce n'était pas encore le plus important des socialistes ici présents. Le candidat à l'élection présidentielle, vainqueur de Martine Aubry aux primaires, homme surprise et chouchou de cette campagne, compagnon de la journaliste Valérie Trierweiler , est là : François Hollande !
Est-ce parce que son film a été vivement critiqué par certaines personnalités de droite que la gauche s'est donné rendez-vous à l'UGC Normandie pour le soutenir ? Reste que Mathieu Kassovitz a accueilli en personne le candidat Hollande. La poignée de main solennelle devant l'affiche à des allures de rencontre officielle, de soutien officiel de l'un à l'autre, ou quand le monde politique pénètre celui du cinéma... C'est généralement l'inverse.
Rappelons que L'Ordre et la morale de Mathieu Kassovitz marque son grand retour devant et derrière la caméra. Le réalisateur de La Haine s'intéresse à la prise d'otages de 30 gendarmes par des indépendantistes kanaks sur l'île Île d'Ouvéa en Nouvelle-Calédonie. Nous sommes en 1988, en pleines élections présidentielles justement. Sous la pression politique, l'ordre et la morale n'iront pas forcément de pair... Cette prise d'otages s'achèvera par la mort de deux militaires et 19 Kanaks. Le film a été jugé par certains caricatural et inutilement polémique, comme le distributeur calédonien Hickson ; Mathieu Kassovitz et la production Nord-Ouest Films affirment, au contraire, que la polémique n'a pas lieu d'être : "Le film a été montré à de nombreux officiels kanaks et caldoches, à de nombreuses personnalités politiques et coutumières locales, à des militaires, des gendarmes, aux familles des victimes. Tous reconnaissent le rôle que le film pourrait au contraire jouer dans le dialogue et le consensus entre les parties vers la réconciliation. Nous pensons que ce film est utile et contribuera au devoir de mémoire." Une position qui a donné lieu dernièrement à une nouvelle passe d'armes très tendue avec l'ancien ministre Bernard Pons sur le plateau de Frédéric Taddéï...
Le film sort en salles le 16 novembre.