Roland-Garros a ouvert ses portes le 25 mai dernier. Deux semaines de matches tantôt indécis, tantôt prévisibles, réservant leur lot de surprises habituelles sont au programme. Le bonheur des amateurs de paris, en somme. Des amateurs qui ont parfois la défaite mauvaise, n'hésitant pas à menacer les joueurs sur les réseaux sociaux...
L'enquête réalisée par Le Figaro et son Scan montre que le monde du tennis n'est pas toujours des plus roses pour les joueurs et les joueuses. "J'ai été menacée de mort sur Facebook et depuis j'ai tout bloqué", raconte ainsi Mathilde Johansson (28 ans), 148e joueuse à la WTA. Et de raconter cette douloureuse expérience : "En 2011, je perds une partie face à l'Italienne Flavia Pennetta après avoir mené plusieurs fois. Je me suis fait découper en morceaux avec des messages horribles comme : 'Je vais te casser les jambes, s.....' et 'je vais te tuer'."
La plupart des messages sont rédigés en anglais et viennent de l'autre côté de la manche, où les bureaux de paris ont pignon sur rue et où il est possible de miser sur tout et n'importe quoi. "Ça arrive de temps en temps et c'est vrai que ça peut faire peur au début. Quand tu vois des insultes à ton égard, ça marque forcément, tu ne te sens pas bien", ajoute Pauline Parmentier, membre de l'équipe de Fed Cup et 14 ans de carrière derrière elle. Visiblement, personne n'y échappe, des têtes de série aux joueurs de fond de classement.
Seule solution : couper les liens sur les réseaux sociaux, dénoncer les internautes trop insultants ou les commentaires violents à la WTA qui se charge de faire fermer les comptes incriminés. "Quand je lis ces messages, j'ai envie de les insulter aussi. Ce sont des dingues et il ne faut surtout pas répliquer car ça peut aller loin", indique Pauline Parmentier.
Violence sur les réseaux sociaux
Rebecca Marino peut en témoigner. La jeune Canadienne de 23 ans a dit stop en 2013 après des mois de harcèlement sur les réseaux sociaux qui l'ont conduite à la dépression. Des messages haineux de parieurs déçus...
Chez les garçons, la situation est la même, que ce soit chez les mal classés, à l'image d'Axel Michon, 206e mondial et qualifié pour le second tour de Roland-Garros pour sa première participation, qui reconnait avoir "reçu quelques messages d'insultes de personnes ayant perdu de l'argent en pariant sur moi", ou chez les meilleurs mondiaux. Julien Benneteau, 45e mondial : "J'ai déjà été chahuté sur les réseaux sociaux, mais j'ai vite compris que ce n'était pas de l'intimidation mais des parieurs déçus. Si on commence à faire attention à ce genre de choses, on n'en sort jamais."
Des parieurs déçus, Julien Benneteau a dû en faire un certain nombre au terme de son match de ce 26 mai pour son entrée en lice à Roland-Garros. Un match record de 4h27 dont 2h24 pour le seul dernier set et une défaite inattendue face à l'Argentin Facundo Bagnis, 143e mondial, qui faisait lui sa première apparition en Grand Chelem (1-6, 2-6, 6-1, 6-3, 16-18)...