Mazarine Pingeot marque son retour en librairie. Deux ans après la sortie de son livre Les Invasions quotidiennes (éditions Julliard), l'écrivain français dévoile son dernier essai, La Dictature de la transparence (Robert Laffont, disponible depuis le 21 avril), une oeuvre qui démontre comment la transparence "tend à devenir un dogme dans une société saturée par l'image".
Interrogée dans les colonnes du magazine Grazia pour parler de sa nouvelle aventure littéraire (elle a lancé sa propre collection, Nouvelles Mythologies, chez Robert Laffont), la fille de François Mitterrand et d'Anne Pingeot s'est donc confiée sur la notion de transparence, et notamment dans l'univers de la politique. "Elle est néfaste quand on en fait un dogme. (...) Exporter la transparence dans tous les champs et en faire une idéologie est dangereux. Contraindre un homme politique à publier ses feuilles d'impôts parce qu'il gagne bien sa vie, c'est avaliser le fait qu'il est riche, donc pourri. Si tout est transparent, la distinction entre vie privée et vie publique se brouille", assure-t-elle.
Pour prendre exemple sur son expérience, celle qui a longtemps vécu dans l'ombre du clan Mitterrand – avant de se révéler aux yeux du monde entier le 11 janvier 1991, jour des funérailles de son père – poursuit son entretien en évoquant "l'homme politique d'aujourd'hui", qui ne peut plus se soustraire à la transparence. "Sa vie privée est devenue quelque chose de très compliqué pendant son mandat", ajoute-t-elle en faisant allusion au président François Hollande, sans toutefois le citer. "C'est un sacerdoce pour lui et pour toute sa famille. Soit vous restez dans l'ombre. Julie [Gayet, NDLR] le fait très bien et a tout à fait raison de ne pas se manifester. Soit vous apparaissez et c'est un vrai travail", poursuit-elle.
C'était très compliqué pour moi de parler politique à l'école sans qu'on sache qui j'étais
Alors que les vingt ans de la mort de François Mitterrand ont été célébrés il y a trois mois et que le centenaire de sa naissance aura lieu le 26 octobre prochain, la compagne du diplomate Didier Le Bret s'est de nouveau épanchée sur son enfance, tout en liant la notion de transparence, qui comme elle le rappelle a deux sens : "Celui figuré de quelqu'un d'invisible" et "celui moral de quelqu'un qui n'a rien à se reprocher". "Quand j'étais jeune, j'étais invisible. Je sortais, j'allais au lycée, mais je ne me dévoilais pas. (...) Et d'un coup, à 20 ans, je suis devenue ultravisible. Donc transparente, au sens où on ne cernait pas mon identité propre. (...) C'est difficile d'être en contact réel avec l'autre quand on est d'abord précédé par une image", ajoute-t-elle timidement, affirmant également que les cours de théâtre l'avaient beaucoup aidée lorsqu'elle a été confrontée à son image publique.
Pour finir, Mazarine Pingeot se remémore les "peu de souvenirs" qu'elle a de son père. "Quand il est devenu président en 1981, j'avais 5 ans. Puis, lors de l'élection de 1988, je suis allée le soutenir à ses meetings au Bourget et à Toulouse. Mais je n'étais pas très précoce en termes de conscience politique. J'étais dans un angle mort. C'était très compliqué pour moi de parler politique à l'école sans qu'on sache qui j'étais", glisse-t-elle. Questionnée sur "le genre de père qu'était François Mitterrand", elle conclut ainsi : "Un super père. Un peu trop laxiste, dans le sens où il n'était peut-être pas assez sur le 'non'."
Retrouvez l'intégralité de cette interview dans le magazine Grazia, en kiosque le 22 avril.