Le spectre de "Meghan Markle l'arriviste" revient hanter la famille royale britannique. Cette fois, il ne s'agit pas d'accusations lancées par des sources non identifiées sur une jeune actrice aux dents longues qui se voyait bien devenir princesse, ni d'un déballage offensif de la part d'un demi-frère - Thomas Markle - et d'une demi-soeur - Samantha Markle - amers et revanchards qui reprochent à la désormais duchesse de Sussex d'avoir abandonné leur père après qu'il a tout fait pour elle. Non. Cette fois, c'est pire puisque le ressentiment visant la femme du prince Harry vient d'une personnalité publique très connue, Piers Morgan, et ses griefs sont non seulement très détaillés, mais aussi très cinglants. Le prix d'une trahison.
Animateur de la matinale télé Good Morning Britain avec derrière lui une longue carrière au sein des tabloïds du groupe de Rupert Murdoch, notamment le Mirror, Piers Morgan signe pour le Daily Mail une tribune à charge contre la duchesse Meghan dont la violence de l'attaque s'apprécie dès le titre, aussi cinglant qu'il est assertif : "Meghan Markle est une actrice escaladant l'échelle sociale sans vergogne qui a décroché le rôle de sa vie et qui est déterminée à exploiter le filon jusqu'au bout - et c'est précisément pour cela que le palais commence à se retourner contre elle", assène le journaliste anglais de 53 ans. Le corollaire de son titre fait de toute évidence référence aux révélations peu flatteuses qui se multiplient ces derniers temps au sujet de la duchesse de Sussex, concernant ses exigences parfois ridicules et ses rapports difficiles avec la duchesse Catherine de Cambridge.
Pourquoi cette soudaine diatribe de Piers contre Meghan, dont l'intégralité est à lire sur le Mail Online et dont nous transcrivons ici de larges extraits ? Il l'évoque de but en blanc : il la croyait son amie, elle lui a tourné le dos. Du jour au lendemain, très nettement, après son entrée dans la famille royale britannique. "Je me suis fait ghoster par Meghan Markle", écrit-il d'emblée. Et d'expliciter ce terme un peu barbare que les utilisateurs malheureux des applis de rencontres reconnaîtront : "Si vous n'êtes pas familiers avec le terme "ghoster", c'est quand quelqu'un que vous croyiez votre ami coupe soudainement les ponts avec vous, sans aucun avertissement, et qu'après cela elle ne vous adresse plus jamais la parole." Une définition qui résume bien, apparemment son histoire avec Meghan Markle.
L'homme des médias débute alors un récit très détaillé sur les circonstances de son rapprochement avec celle qui était alors l'une des protagonistes de la série Suits : "Par un après-midi de l'hiver 2015, je me suis mis à suivre sur Twitter quatre stars de la série américaine Suits, dont Ms. Markle. Dans les minutes qui ont suivi, elle m'a envoyé un message privé : "Hey bonjour, merci de me suivre. J'adore ce que vous faites !". J'ai répondu et, pendant les mois suivants, nous avons correspondu de manière régulière", relate-t-il, détaillant même leurs sujets de conversation, tels la question des armes à feux aux Etats-Unis, sujet qui les révoltait à l'unisson, le voyage humanitaire que la jeune Américaine avait fait au Rwanda ou encore sa passion pour la calligraphie. Gage d'une réelle complicité, Meghan avait même fini par lui envoyer des épisodes de Suits en avant-première pour qu'ils puissent en discuter et lui avait permis de se lier avec l'acteur Rick Hoffman, son partenaire dans la série, lequel a confié à Piers Morgan que Meghan et lui étaient proches comme un frère et une soeur.
Ce soir-là, Meghan a rencontré le prince Harry
Février 2016, Rick est de passage à Londres et Piers Morgan le reçoit dans Good Morning Britain. Juin 2016, c'est Meghan qui débarque dans la capitale anglaise, prête à encourager Serena Williams à Wimbledon. Elle aimerait voir le journaliste pour le saluer, il suggère son pub fétiche, la Scarsdale Tavern, non loin... du palais de Kensington. "Nous avons passé un moment très plaisant, une heure et demie environ, avant que je la mette dans un taxi pour qu'elle aille dîner avec cinq amis au 5 Hertford Street, un club branché de Mayfair", se souvient-il, évoquant les "confidences sans filtre sur sa famille" qu'elle a faites pendant leur conversation - dont des choses très intimes qu'il garde pour lui - ou les conseils qu'elle lui a demandés quant à la suite de sa carrière. Depuis le taxi, elle lui envoie des sms pour le remercier, elle tweete pour clamer publiquement à quel point c'était chouette de voir son ami Piers Morgan à Londres.
Derrière, c'est la douche froide. "Du coup, à ce moment précis, je m'imaginais vraiment totalement, sous l'effet d'une grave méprise, que nous étions amis. Je me trompais. Elle a rencontré le prince Harry au dîner ce soir-là [le fameux "blind date"arrangé par Violet von Westenholz, NDLR], l'a revu seul à seul le lendemain soir et je n'ai plus jamais eu de nouvelles de sa part. Pas un mot. Elle m'avait ghosté", raconte Piers Morgan. "Et pas seulement elle. Sur ordre de Meghan, Rick Hoffman aussi m'a ghosté. Je n'ai pas eu de nouvelles de lui pendant un an et demi, puis, un beau jour, il est sorti de derrière les fagots après avoir assisté au mariage royal en mai dernier", ajoute-t-il, partageant la teneur du message mielleux envoyé par l'acteur et auquel il n'a pas donné suite.
"Je me suis fait rouler dans la farine par un duo d'acteurs de seconde zone qui se servaient clairement de moi pour leur carrière", peste le journaliste pourtant aguerri, exprimant même avec une ironie mordante une certaine admiration pour la manière dont ils se sont joués de lui : "Franchement, qui suis-je, moi, un ancien rédacteur en chef de la presse tabloïd, pour voir d'un mauvais oeil des manières aussi dénuées de scrupules ? Mais, d'un autre côté, toute cette expérience m'a rendu suspicieux et cynique quant à Ms. Markle. Et rien dans son comportement depuis qu'elle a épousé le prince Harry n'a atténué mes inquiétudes", glisse-t-il, amorçant l'évocation de ses craintes.
Comme beaucoup, Piers Morgan dit avoir été choqué en découvrant que le prince Harry aurait haussé le ton sur le personnel lors des préparatifs du mariage, s'emportant et vociférant : "Ce que Meghan veut, Meghan l'aura." Craignant que ce soit hélas ce qui est en train de se produire, le journaliste prophétise que "quiconque lui refusera ce qu'elle veut ou se mettra en travers de son ascension sociale sera éjecté", détaillant chirurgicalement des exemples jalonnant sa vie : "Son premier mari [le producteur Trevor Engelson] ? Jeté quand sa carrière a décollé avec Suits. Sa famille dysfonctionnelle ? Ecartée du mariage - tous sans exception. Son pauvre vieux père malade ? Livré à lui-même et désavoué pour avoir eu du mal à gérer l'attention médiatique suscitée par sa fille. Meghan a échangé son ancien monde grisâtre et à problèmes contre un nouveau monde fantastique et excitant, celui de la reine, de Michelle Obama et des Clooney. Seule sa mère Doria a réussi à intégrer la list des VIP de sa nouvelle vie."
Piers Morgan porte le coup de grâce de ce règlement de comptes en bonne et due forme en énumérant les récents scandales révélés par des membres du personnel royal et mettant en évidence le comportement de diva de la duchesse Meghan de Sussex : son désir de se faire prêter par Elizabeth II un certain diadème pour son mariage (diadème que la monarque lui a refusé, le réservant pour les noces de la princesse Eugenie en octobre), l'incident du désodorisant qu'elle voulait voir vaporisé dans la chapelle, ses relations électriques avec Kate Middleton, qui aurait fondu en larmes pendant les préparatifs du mariage quelques mois après avoir eu déjà un accrochage avec elle à Noël 2017, la démission brutale de son assistante Melissa Touabti, qui elle aussi avait fini en larmes, le ras-le-bol du personnel devant ses exigences despotiques...
"C'est simple : Meghan Markle est une actrice professionnelle égocentrique qui a trouvé le rôle de sa vie et est déterminée à exploiter le filon jusqu'au bout. Elle a passé quasiment les vingt dernières années à côtoyer des gens tant qu'ils pouvaient lui être utiles avant de les chasser de sa vie en soufflant dessus avec rien de plus qu'un "salut, loser". Je le sais, je suis l'un d'eux", résume Piers Morgan, avant de livrer un épilogue acide : "Elle est en train de rentrer dans le dur, découvrant que si on essaye de duper la famille royale et le personnel royal comme elle l'a fait avec des gens comme moi, on se confronte à un système qu'on ne peut pas battre. Il n'y a qu'à voir la princesse Diana ou Sarah, la duchesse d'York. Pour la première fois de sa vie, Meghan Markle a découvert qu'elle ne peut pas toujours avoir ce qu'elle veut."
Alors que la pression s'accroît et que la mauvaise publicité devient envahissante, le prince Harry prendra-t-il le parti de s'exprimer, comme en novembre 2016, pour prendre la défense de son épouse, enceinte de son premier enfant ?