Coup de massue dans le monde de l'audiovisuel. Selon l'AFP, qui confirme une information rapportée ce samedi 20 octobre 2018 par le journal Le Parisien, une enquête préliminaire pour viol a été ouverte à Paris après la plainte déposée par une femme contre le patron de la chaîne de télévision musicale Mezzo.
Selon le quotidien, la plaignante est l'assistante personnelle du directeur de cette chaîne spécialisée dans la musique classique. Dans ses documents, elle "affirme avoir été contrainte par son supérieur à un rapport sexuel dans une chambre d'hôtel, à Taïwan, lors d'un voyage professionnel", lit-on. Des faits qui se seraient produits au mois d'août dernier. A son retour en France, la "jeune femme a été longuement entendue à son retour en France par les policiers du 2e district de la PJ de Paris, chargés de l'enquête préliminaire ouverte le 27 août."
Toujours selon Le Parisien, la plaignante a été examinée dans une unité médico-judiciaire. "Selon les premières investigations, en collaboration avec les policiers taïwanais, le récit de la plaignante est jugé crédible", écrivent nos confrères. "Des éléments sérieux ont été recueillis lors des constatations", explique un proche de l'enquête qui s'interroge sur l'éventuelle "emprise" du dirigeant sur son assistante. Au sein de la petite chaîne, certains s'étonnent de voir le directeur toujours en fonction. "L'assistante, elle, est en arrêt maladie et en état de choc", a confié un salarié.
Joint par l'AFP, le dirigeant de la chaîne en question, qui appartient au groupe Lagardère, n'a pas été entendu à ce jour par les enquêteurs et n'a pas donné suite. "Il nous est impossible de faire quelque commentaire que ce soit sur des cas individuels, par respect des procédures et des personnes", a réagi la direction de Lagardère-Active.
Et d'ajouter : "En pareilles circonstances nous déclenchons immédiatement une enquête du CHSCT: nous empêchons tout contact sur le lieu de travail ou dans le cadre professionnel entre les personnes en cause pour protéger les plaignants ; nous mettons en place un médiateur pour que les salariés puissent s'exprimer en toute confiance auprès d'un tiers à l'entreprise. Et nous prenons des sanctions sur la base des conclusions étayées du CHSCT", a conclu la direction.
Cette affaire n'est pas la seule à ébranler le groupe Lagardère. Un second cas reporté touche un "responsable des jeux d'Europe 1", affirme Le Parisien. Âgé de 50 ans, ce dernier est "détenteur de plusieurs mandats : délégué syndical, il est aussi secrétaire du comité d'entreprise de la radio et membre du comité du groupe Lagardère France et Europe". Il est visé par quatre plaintes "déposées entre avril et juillet par des salariées à Paris".
Toutes l'accusent "d'avoir usé de son pouvoir pour les harceler, les insulter et, pour l'une, d'avoir commis des agressions sexuelles" pour des faits situés entre 2014 et 2018. A ses victimes, il aurait envoyé plusieurs SMS "salaces" et "racistes". Une des victimes a également décrit face aux policiers des scènes de violence au siège de la radio Europe 1 en 2016. Suite à cela, l'homme a été "placé en garde à vue durant 34 heures en septembre". A l'issue, il a été maintenu dans ses fonctions alors que les plaignantes ont fait part de leurs craintes de représailles auprès de la direction.
Le parquet doit désormais statuer sur les suites judiciaires. "Mon client nie totalement les faits. Il est possible qu'il y ait une instrumentalisation de certains salariés, à un moment sensible de restructuration d'Europe 1, pour l'évincer. Il est prêt à aller au bout de ses mandats", a déclaré l'avocat de ce responsable incriminé.
Comme dans toutes ces procédures, les personnes incrimées sont présumées innocentes des faits qui leur sont reprochés jusqu'au jugement définitif de ces affaires.