Michel Drucker revient de très loin. Depuis trois mois, le présentateur de 78 ans est hospitalisé à la suite de ses lourdes opérations. D'abord pour endocardite infectieuse, puis pour un triple pontage et l'infection de sa cicatrice. Auprès de nos confrères du Parisien, il revient longuement sur tout ce qu'il a traversé ces derniers mois.
L'époux de Dany tient d'abord à rassurer son public : il a le moral et va "plutôt bien pour quelqu'un qui a évité la catastrophe". Lui qui pensait avoir des séquelles et finir sa vie au ralenti est rassuré. "Je suis un miraculé", confie-t-il. Michel Drucker raconte ensuite que ses ennuis de santé ont commencé avec une hyperthyroïdie (un dérèglement de la glande thyroïde) pour laquelle il a avait été très bien soigné. Mais cet été, alors qu'il était en Provence, des symptômes sont venus l'inquiéter. "J'étais très fatigué, j'avais de la fièvre tous les jours. Ça m'inquiétait. Fin août, le professeur Alain Hagege, chef du service de cardiologie de l'hôpital Georges-Pompidou, et Michel Desnos, son prédécesseur, m'ont fait rentrer d'urgence à Paris. Dans les bilans sanguins, on a tout de suite vu qu'il y avait un foyer infectieux, provenant de la bouche à la suite d'un soin dentaire. La bactérie, apparemment pas trop méchante, a infecté le coeur et provoqué une septicémie avec un germe qui avait touché la valve mitrale mais aussi la rate et le rein. Pendant un mois, j'ai été mis sous perfusion avec un antibiotique de choc. Une période que j'ai gardée secrète", explique le présentateur de Vivement Dimanche.
Michel Drucker a ensuite subi une opération le 26 septembre et a révélé qu'il aurait pu être amputé car la "bactérie a aussi touché l'artère de la jambe droite". Fort heureusement, le corps médical a réussi à la déboucher, "mais la valve était toujours infectée". Il a donc été une fois de plus opéré, en urgence, alors que la veille il se "croyait encore invincible". "On m'a ensuite examiné pour savoir si j'étais en état. Et là, les chirurgiens découvrent qu'il faut aussi me faire un triple pontage ! Ça m'a assommé. Je n'arrivais pas à comprendre. J'ai une bonne hygiène de vie, je fais du sport, je ne fume pas, ne bois pas... C'est d'ailleurs grâce à ça que je suis encore en vie", poursuit-il auprès du Parisien.
La morphine m'a donné des hallucinations
Après huit heures sur la table d'opération, quinze heures sous anesthésie, de la réanimation et des soins intensifs, il a réalisé qu'il avait "frôlé la catastrophe". "Mon coeur a été arrêté pendant quelques heures et branché à une machine. Je n'ai refait surface que beaucoup plus tard. Heureusement que je n'avais pas de miroir. J'avais les joues creusées, j'étais une ombre. Perdre 10 kg, c'est beaucoup quand on en pèse 72. J'avais la cage thoracique douloureuse, avec un corset pour maintenir tout ça. On redevient un pantin. Incapable de se lever tout seul, de marcher sans perfusion. Il n'y a plus de vedette de la télé. J'étais convaincu que je ne referai jamais surface", se souvient-il. Un voyage qu'il n'est pas près d'oublier.
A ce moment-là, il a découvert l'humilité, mais aussi la solitude et le silence car à cause du Covid-19, difficile d'avoir des visites. "Pendant trois mois, et c'est encore le cas, je ne croise que des regards, tout le monde est masqué. Je découvre le dévouement du personnel hospitalier, les nuits sans sommeil, la morphine, les antidouleurs. Je réalise que le parcours sera très long, explique Michel Drucker dont le coeur a été ouvert une deuxième fois à cause d'une infection, J'ai maintenant une cuirasse qui me maintient la poitrine jour et nuit. (...) La moindre quinte de toux, c'est une horreur. C'est toute la cage thoracique qui est douloureuse. J'ai un peu dormi grâce aux antidouleurs, à la morphine qui m'a donné des hallucinations, je faisais des rêves étranges. En revanche, la première fois que j'ai remarché avec quelqu'un qui me tenait le bras et que j'ai recommencé à avoir un petit peu de muscle, c'était une grande victoire."
Lundi 30 novembre, Michel Drucker attaquait sa quatrième semaine de rééducation à la clinique Bizet, à Paris. Il réapprend à marcher, retrouve sa voix. Enfin, il "aperçoit le bout du tunnel" car la semaine prochaine, il devrait pouvoir rentrer chez lui, sans toutefois zapper les deux mois de rééducation qui se dessinent devant lui. En attendant, il continue les prises de sang à répétition, les prises de tension et la "montée des marches, sept étages". "Et l'après-midi, c'est vélo-santé. J'ai commencé par cinq minutes à 20 watts, maintenant je suis à trente minutes à 45 watts, ce qui correspond à 20 km par heure. Il y a aussi les médicaments : antibiotiques, fer, anticoagulant, cholestérol, diurétique. Il ne faut pas croire que la machine refonctionne normalement une fois opérée. Tout est compliqué. J'ai eu des drains. J'ai été sous dialyse, parce qu'un rein avait souffert. Et je redoute les piqûres, parce que je n'ai plus de veine, si j'ose dire. Le nombre de prises de sang a été phénoménal", avoue-t-il. Et de rapidement préciser que le personnel médical a été aux petits soins. Tout ceci ne sera heureusement bientôt qu'un mauvais souvenir.