Dans le cinéma français, peu ont traversé le temps et les générations avec tant d'aisance que Micheline Presle : alors qu'elle atteint les 100 ans ce lundi 22 août, l'actrice parisienne a su, depuis le début de sa carrière en 1937, choisir ses rôles avec précision, incarner des femmes fortes et puissantes qui lui ont valu une renommée importante.
Il faut dire que pendant longtemps, elles ont été trois, " trois glorieuses " de l'âge d'or du cinéma français : Danielle Darrieux, Michèle Morgan, et elle. Elle, qui, avec son regard malicieux, a fait la conquête de tant de réalisateurs, d'artistes et de comédiens. Amie de Jean Cocteau, de Raymond Queneau ou de Charles Trenet, elle lance notamment la carrière de Gérard Philipe, qui jouera avec elle dans l'un de ses films les plus connus, Le Diable au Corps, sorti en 1947. Elle sera également l'une des premières françaises à faire carrière à Hollywood, où elle a passé de nombreuses années.
Aujourd'hui, il n'y a plus qu'elle : Michèle Morgan est décédée en 2016, Danielle Darrieux en 2017. Et lorsqu'elle se souvient de ces deux femmes, pas de jalousie, pas de rancoeur. "C'était mon aînée et je l'adorais déjà avant de devenir actrice, elle a débuté très jeune. En réalité, on ne parlait presque jamais de cinéma. Danielle était comme moi. On a une vie, et puis on est aussi acteur, mais on a une vie normale. Enfin, normale...", a-t-elle notamment confié au Parisien au sujet de Danielle Darrieux.
Son anniversaire ? Elle ne veut même pas entendre parler. "Je n'aime pas parler de mon âge. Ça ne m'intéresse pas du tout. Non, rien de spécial". Non, Micheline Presle, toujours aussi passionnée, préfère parler de cinéma, de ses films, des dernières sorties et de ceux qu'elle allait voir encore régulièrement avant le confinement.
Mais ces deux dernières années, tout a changé pour elle : la comédienne, qui vit dans une maison de retraite réservée aux artistes profite moins de la vie parisienne. Et elle a perdu son pilier, sa "petite" : sa fille Tonie Marshall, décédée en mars 2020 d'un cancer du poumon.
Une rude nouvelle pour l'actrice, qui avait joué dans tous les films de sa fille : devenue réalisatrice à succès, Tonie Marshall avait notamment reçu le César de la meilleure réalisation et du meilleur film en 2000 pour Vénus Beauté, devenant la première femme à l'obtenir.
Une véritable fierté pour la mère et la fille, très engagées pour la condition féminine : alors que Micheline Presle avait, en 1971, signé le "Manifeste des 143", pour le droit à l'avortement, Tonie avait fait porter à toutes les femmes un ruban blanc pendant la cérémonie des César 2018, en hommage aux victimes de féminicides.
Mais malgré cette terrible épreuve et le temps qui passe, emportant avec lui ses amis et sa santé, Micheline Presle n'est pas de ces femmes qui abandonnent et baissent le bras : "Jusqu'au bout, j'aimerai la vie, je l'ai toujours aimée", confie-t-elle au Figaro. Et nous, on aime toujours autant le talent de Micheline Presle.